Impression trompeuse
Parfois, quand on se promène à Tokyo, au milieu de tous ces immeubles, on a des impressions fugitives d'être à New York, mais c'est fugitif. Manhattan, c'est un rêve pour se repérer depuis le Commissioners' Plan de 1811, quand il a été décidé que toutes les extensions à venir de la ville seraient faites sur un plan en damier, en se foutant totalement de la topographie, après tout, une colline, ça se rase, une rivière, ça se comble... Et ça a été décidé à une époque où l'île de Manhattan était encore presque entièrement sauvage ; les trois quarts nord étant alors pour l'essentiel des collines et des forêts, avec l'éventuelle ferme qui serait de toutes façons détruite puisque ne correspondant pas au plan.
Bon ben à Tokyo, c'est différent. En fait, à Tokyo, c'est le bordel. La ville s'est construite petite maison par petite maison, sans plan directeur, avec juste quelques ruelles tordues pour naviguer entre des bâtiments qui étaient remplacés régulièrement. À force de grossir, les agglomérations qui poussaient ici ou là dans la région ont fini par se fondre en une seule et on a continué à construire où on pouvait. Par endroits, on a réussi à créer des avenues, mais pour les plupart, elles ont hérité du caractère tortueux des ruelles et bâtiments. Ajoutez à ça que cherchant à gagner de la place pour les voitures, de la place pour les piétons ou de la place pour les magasins, on a fini par avoir une ville dont le niveau du sol est régulièrement perdu ; je me suis retrouvé plus d'une fois à regarder les rues en dessous de moi, les voies rapides au dessus, les places piétonnes sous les rues, les passerelles entre les voies et ... non mais d'accord, mais il est où, le sol ?
Et s'il est facile de trouver une adresse à New York, genre au croisement de la 6ème avenue et de la 34ème rue, c'est une rien plus compliqué à Tokyo, où énormément de rues n'ont pas de nom, et quand les immeubles sont numérotés, c'est en fonction de leur ordre de construction. Ajoutez à ça, donc, le souk des rues qui tournent dans tous les sens, une conception de la ville qui ignore l'angle droit, un historique des agglomérations qui fait que Tokyo n'a pas de centre, ou plutôt qu'il en a une quinzaine, et ça donne un joyeux bordel.
La prochaine fois, je vous parlerai de la simplicité qui fait rire de leur réseau de transports en commun.
(les deux photos ont été prises à Tokyo, bien sûr.)
Commentaires
1. Par mirovinben, le 15/04/2012 à 13:51
2. Par Emma, le 15/04/2012 à 15:12
3. Par xave, le 15/04/2012 à 15:13