Métaphore

Il fait froid dehors

Absolu

Trèèès longue discussion avec la Dame des Questions aujourd’hui, il fallait bien ça. Les sentiments qui ont conduit au texte de la semaine dernière sont longs à digérer, et les réactions qu’il a suscitées encore plus.

Entendons-nous, je l’ai écrit sous le coup de l’ivresse et de la fatigue, mais je n’en renie rien, même si tout le monde s’est attaché à me démontrer que j’avais tort. J’ai peut-être été un peu brutal dans le choix des termes, mais ça me correspond (et rien que ça est assez difficile à sortir, vu les réactions.)

J’admets cependant que je commence à penser qu’il faudrait que je me range à l’avis de la majorité et ça ne m’enchante guère. Vous me dites que les gens changent, que les sentiments évoluent, se transforment, voire disparaissent. Vous me dites ça dans un tel ensemble que j’en viens à penser que c’est effectivement moi qui me trompe, moi qui ai un problème.

Parce que pour moi, ça se passe bien comme je l’ai décrit. Je répète depuis des années que je ne sors qu’avec des filles que je vais épouser, en fait, pour moi, la différence entre démarrer une relation amoureuse et passer devant monsieur le maire est d’ordre administratif, ça ne va guère plus loin. Je dois vivre un peu trop dans les romans de chevalerie, mais quand je dis je t’aime, ça veut dire pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la mort nous sépare. Ça a toujours voulu dire ça, je n’ai jamais dit un je t’aime que je ne redirais pas aujourd’hui. Ça ne veut pas dire que j’ouvrirais bien un harem : le nombre de filles à qui je l’ai dit (on ne compte pas le collège ou le début du lycée, d’accord ? on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans) se compte sur les doigts de la main gauche de Django Reinhardt.

Et je n’imagine pas, une fois que j’ai donné cette parole là, la reprendre. Quand la fille dont j’étais fou amoureux, après quelques années de bonheur sans question, s’est mise à avoir des périodes de plus en plus longues à se fermer et à me tenir à distance, j’ai souffert, j’ai pleuré, mais je n’ai jamais remis en question mon sentiment. C’est à mon sens la signification de pour le pire : qu’il y ait des problèmes ne remet pas en cause le fond. C’est valable pour toutes les relations d’ailleurs : ça fait huit ans et une engueulade que je n’ai pas vu mon meilleur ami, mais désolé, la place n’est pas libre[1].

Mais promis, je ne porterai plus de jugement là-dessus, vous m’avez convaincu que c’est anormal. Étymologiquement en tous cas, je veux dire en dehors de la norme. Je ne sais pas cependant comment commencer le travail pour apprendre à accepter que les gens et les sentiments changent. En fait, je le sais d’autant moins que je suis très attaché à cette idée d’absolu là, même si je commence à me rendre compte que la réalité est vraisemblablement plus forte que mon absolu à moi.

Je ne saurais insister trop sur le fait que je ne cherche pas à me donner des airs : c’est vraiment de cette façon que je fonctionne, et à bien y réfléchir, c’est vrai que ça me pose plus de problèmes qu’autre chose, je me sens inadapté. C’est à cause de ça que j’ai mis six ans avant d’arrêter d’attendre le retour de mon premier amour, c’est à cause de ça que malgré les progrès que j’ai fait, plus de deux ans après ma dernière rupture, je ne vois toujours pas la fin du chemin. J’admets que j’ai été de mauvaise foi : je sais en réalité à quel point elle m’a aimé (pour une fille qui exprime aussi peu ses sentiments, un sourire silencieux avec les yeux humides vaut toutes les déclarations du monde.) Mais qu’un amour pareil disparaisse est pour moi une énigme ; pas parce que je ne peux pas l’imaginer, je sais bien que ça arrive, mais parce que je ne peux pas réellement le comprendre, pas de l’intérieur. Je suis un peu comme un sourd qui essaie d’imaginer la musique : il me manque une notion de base pour que ça soit autre chose qu’une compréhension théorique.

Et je commence à penser à faire un travail pour changer mes schémas. Mais je ne sais pas si j’ai envie, pour m’adapter à la réalité, de changer ce qui, intrinsèquement, est moi.

Notes

[1] je lui garde son siège, il est peut-être juste long à aller pisser. Ça serait bien son genre, tiens, à cette andouille.

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Commentaires

1. Par PT, le 08/04/2010 à 10:08

Voilà. On n'a pas dit que tu te trompais de ressentir ainsi. On a dit qu'il fallait que tu comprennes que les autres... ben non.

2. Par zzz, le 08/04/2010 à 17:30

non, tu n'es pas le seul, et après presque 12 ans, je n'ai toujours pas compris non plus.
mais je ne cherche plus à comprendre, ni à m'adapter à la "réalité".
je suis comme je suis, et il faut de tout pour faire un monde, même si ça peut être extrêmement douloureux parfois.
putain, 12 ans...

3. Par Lomalarch, le 08/04/2010 à 18:57

Ouaip, t’es pas tout seul dans ce cas. Je suis un peu de cette engeance, et j’ai encore le souvenir cuisant du jour où quelqu’un qui compte m’a dit un truc que je reformulerais : « tu ne peux pas enfermer les gens dans une telle immobilité »… bref, je n’ai pas de mal à te comprendre, mais je fais partie des gens qui trouvent « normal » que le monde ne corresponde pas à ma façon de fonctionner et j’en ai vaguement pris mon parti.

4. Par [SiMON], le 08/04/2010 à 21:03

J'étais un peu dans le même cas après ma première rupture. Quand j'ai quitté mes premiers vrais amis. Les temps changent, les gens aussi (et jetez moi des pierres, mais j'ai grandi avec la saga American Pie dont le deuxième opus m'a fortement influencé/aidé sur ce sujet).

Le moment de la grande acceptation de la mort des sentiments, celui où j'ai pu repartir et faire les choses, c'est quand j'ai été confronté à la mort par le biais du suicide aussi soudain qu'inattendu de mon grand-père. Les deux choses sont pour moi intrinsèquement liées. Gelluck disait "Partir, c'est mourir un peu. Partir, c'est mourir beaucoup.", et ne plus aimer c'est aussi une sorte de départ. Les choses ne sont plus à leurs place et c'est toujours dur à accepter.

On avait déjà eu un échange de mail il y a quelques temps, et si l'envie te prend de recommencer ou même d'aller plus direct, mon email est toujours valide et fonctionne aussi sur un célèbre réseau de messagerie instantanée fermé et propriétaire.

5. Par [SiMON], le 08/04/2010 à 21:05

s/Partir, c'est mourir un peu. Partir, c'est mourir beaucoup./Partir c'est mourir un peu. Mourir c'est partir beaucoup.

6. Par LeChieur, le 09/04/2010 à 02:10

Merci. Ça fait vingt-quatre heures que ce billet résonne en moi et que je ne cesse à mon tour de m'interroger sur le sens profond de l'amitié (et qu'au terme de ces vingt-quatre heures de réflexion, je résumerai en : l'amitié, c'est le don. C'est le besoin et l'envie de s'offrir à l'autre, sans calcul ni arrière-pensée.) Du coup, j'ai pensé très fort à ma dernière meilleure amie en date (pas "dernière" au sens d'un remplacement ; j'ignorais avant hier soir qu'on était censé n'avoir chacun qu'un seul siège à pourvoir ; du coup, chez moi, c'est un peu bordélique : des meilleurs amis, j'en ai au moins quatre ex-aequo. Si je leur annonce maintenant qu'il n'y a qu'une seule chaise, ça va être un sacré merdier...) J'ai pensé à la manière lumineuse dont cette vieille copine de lycée m'a spontanément offert toute son humanité, toute sa confiance, toute sa présence chaleureuse et encourageante et toute sa profondeur, le jour où j'ai frappé à sa porte, et j'ai réalisé la chance que j'avais. En ne t'autorisant qu'un siège vide pour meilleur ami, tu t'épargnes sans doute quelques confrontations et/ou remises en question, mais tu te prives aussi du meilleur de l'existence.

7. Par LeChieur, le 09/04/2010 à 10:03

(Oui, le commentaire ci-dessus est largement hors-sujet, puisqu'il ne s'attachait qu'aux deux lignes de ton post qui m'ont plongé dans des abysses de réflexion. Pour revenir au sujet principal de ton billet, non, tu n'es pas à l'extérieur des normes. C'est nous, tes commentateurs zélés, qui péchons par cynisme (ou par pragmatisme). L'amour à vie, c'est celui que nous enseignent les religions judéo-chrétiennes, l'état-civil de la République et une grande partie de la littérature (et du cinéma) depuis Le Cantique des Cantiques, tu n'es donc pas du tout un cas à part. L'amour à vie librement ressenti et échangé, s'il n'est synonyme que d'épanouissement, de désir et de bonheur pour les deux que ça concerne, c'est tout le mal qu'on se souhaite et qu'on souhaite à ceux à qui on veut du bien. Le problème, c'est quand cette conception transformée en dogme devient enfermante, aliénante, et, du coup, paradoxale : vouloir à tout prix enfermer l'autre (ou soi-même) derrière des barreaux au nom de l'amour, je n'arrive pas à comprendre comment on peut encore appeler ça de l'amour. En tout cas, il n'y a rien de plus efficace pour tuer le désir. Et pour manquer singulièrement d'absolu, pour reprendre le titre de ton billet.)

8. Par xave, le 09/04/2010 à 10:07

Ah non. Cher ami (parmi mes meilleurs), des ex-æquo, j'en ai aussi, heureusement, ouf. Mais -en essayant d'être ultra-synthétique parce que je pourrais en parler pendant des jours- cette relation-là était différente : on parle de quinze ans de complicité, de délires communs, de soutien l'un à l'autre au gré de coups durs presque simultanés, de présence l'un pour l'autre dans des moments de la vie où tous les autres ont disparu, de culture construite en commun et dont les autres ne perçoivent pas tous les niveaux. On parle d'absence totale de jugement de l'autre, on parle de grandir ensemble, d'explorer ses limites ensemble. On parle d'aimer les mêmes filles (et d'être aimés des mêmes, parfois.) On parle de télépathie enfin à force de se connaître : en un regard ou moins, savoir tellement ce que l'autre pense que les conversations sont impossibles à suivre de l'extérieur parce que des pans entiers n'ont pas besoins d'être dits, et être également redoutables dans les conversations de groupe parce que deux cerveaux vont plus vite qu'un seul et que commencer des phrases par une bouche pour les finir par une autre déstabilise.

Si les meilleurs amis sont comme des frères et sœurs, alors j'ai eu un frère jumeau. Après notre rupture (car aucun autre mot ne convient) la notion de meilleur ami -au singulier- était tellement ancrée en moi que j'ai effectivement cru avoir un siège à pourvoir et cherché qui y installer. Et là, j'ai découvert cette notion d'ex-æquo, parce qu'aucun de vous ne méritiez d'être classé par rapport aux autres.

Il n'empêche que cette relation-là, celle que j'ai eue avec lui, dépassait les conceptions habituelles de l'amitié. Le meilleur de l'existence dont tu parles, je l'ai aussi, j'ai dit un peu partout (et ici) la chance que j'avais de vous avoir. C'est juste que ce que j'ai vécu avec lui, je le décris depuis des années de la seule façon possible : relations physiques mises à part, c'était une histoire d'amour.

Donc si tu préfères : non seulement j'ai des meilleurs amis d'une qualité à remporter des prix aux différents festivals des meilleurs amis organisés un peu partout (et j'en mesure l'importance et je le savoure sans retenue) mais j'ai également eu la chance de vivre trois vraies grandes histoires d'amour. C'est juste que l'une des trois était avec un mec.

Et par rapport à une phrase d'un de tes derniers commentaires : là, c'est pas de l'ego-trip. c'est vraiment pas ça. J'ai de la chance, j'ai une putain de putain de chance de vous avoir, des les avoir eus. Merci.

9. Par xave, le 09/04/2010 à 10:21

Réponse à ton deuxième commentaire : ce n'est pas un dogme, je ne veux pas enfermer qui que ce soit. Je le ressens comme ça, et ce n'est pas un choix. Je ne veux enfermer personne, je me suis trompé.

C'est ça que j'ai essayé d'exprimer dans ce billet :

  1. j'ai eu tort d'imaginer que ma façon (non choisie) de fonctionner pouvait valoir mieux que d'autres.
  2. j'ai péché par manque de précautions oratoires (comment on dit à l'écrit ?) : je ne voulais pas donner de grandes leçons sur la vie, mais juste exprimer un ressenti. Expliquer ce qu'est ma façon personnelle de fonctionner, rien d'autre.

Bref, j'ai merdé et encore fait ressortir une impression qui n'est pas celle que je voulais donner. J'en suis désolé (mais ça arrivera encore, je n'écris pas pour pérorer mais entre autres pour ces discussions qui me permettent parfois de corriger ma vision des choses lorsqu'elle est déséquilibrée.)

En plus bref encore : pardon. Et merci.

10. Par LeChieur, le 09/04/2010 à 10:56

Ah bin tiens, voilà un joli commentaire dont tu aurais pu faire un billet : belle et éclairante définition de ce que peut donner une histoire de meilleurs amis (juste un commentaire à faire éventuellement en privé, parce qu'il y a quand même là-dedans un élément qui me semble vraiment essentiel et qu'un des mails que tu m'as envoyés plus ou moins récemment semble démentir (à propos de ton meilleur ami, donc), mais je ne vais pas montrer nos fesses en public, pour reprendre l'expression d'une amie sur mon blog).

Pour l'histoire du dogme, c'est moi qui me suis mal fait comprendre : je parlais des dogmes qu'on s'impose à soi-même et qui font souffrir soi-même. Je ne t'accusais pas de faire du prosélytisme, ni de vouloir donner des leçons de vie par l'intermédiaire de ton blog, houla, pas du tout !

11. Par xave, le 09/04/2010 à 11:21

Ça fait quelques années que je songe à en faire un billet, mais j'ai toujours peur d'être maladroit.

(Sinon, on fait un concours de non, c'est moi ? :p)

12. Par gilda, le 09/04/2010 à 12:46

Dans ma réponse j'avais quand même dit que je comprenais aussi, ne crois pas qu'on était tous d'un avis ou de sentiments opposés. Je subis également d'être comme ça (cf. réponse de Lomalarch, je partage ce qu'il écrit) à ceci près que je ne sais pas me projeter dans le futur et que je conçois des divergences possibles dans un "plus tard" abstrait. Mais pareil, je n'ai jamais cessé d'aimer ceux et celle qui m'ont aimée (ou pour un cas : fait les aimer) et que j'ai aimés. J'ai également du mal avec le passage "bonheur sans question" vers "rupture" quand il n'y a pas de signes avant-coureurs évidents. Et c'est vrai aussi que pour l'instant les fins ne sont jamais venues de moi, si je suis bien avec quelqu'un il faut vraiment quelque chose de lourd (qu'il ou elle fasse du mal à quelqu'un que j'aime, vire croyant bigot d'une religion, fasse preuve de racisme ou assimilé) pour que ça s'interrompe.

Je ne sais pas trop si quand on est comme ça si stables dans nos sentiments forts on y peut quelque chose. Et effectivement ça n'est pas un cadeau, sans compter que je suppose qu'en face le fait de pouvoir compter totalement sur nous participe probablement d'une lassitude et de l'envie d'aller faire d'autres "conquêtes" au bout d'un moment. Par là-dessus ça tombe que nous vivons dans une société qui entretient le culte de la nouveauté, de la surabondance et du changement à tout crin. Autant dire qu'on n'est pas sauvagement dans le moule.
Peut-être qu'on s'est gourés d'époque ?

13. Par rayée, le 09/04/2010 à 13:05

Je n'ai pas encore lu les commentaires, juste envie de réagir à ce billet là. Il y a malentendu je crois. Je veux dire que, par exemple, lorsque j'aime et que je le dis et le montre et le vis, c'est plus que sincère c'est dans chair et esprit que tout résonne. Je ne conçois pas la vie dans l'inertie. Imagine une plante qui ne bougerait pas, elle serait factice ou coincée dans un vase formol. Je vois l'amour en forme malléable, caméléon, qui s'adapte. Voir évoluer son amour pour l'autre, voir l'autre évoluer, sentir ces changements en soi, c'est exaltant. Ta vision ne s'oppose pas à la mienne, j'ai seulement le sentiment que tu t'arcqueboutes sur l'idée d'absolu, je te vois là plus amoureux de l'amour, d'une pensée, d'une posture, alors qu'aimer c'est un face à face où l'autre est aussi l'auteur d'un dialogue dont on ne sait rien à l'avance, toujours cet inconnu qui donne le sel à tout. L'impression que tu as déjà une case, certes accueillante et chaleureuse, dans laquelle tu voudrais que l'autre s'installe. Lache prise. Et ne te crois pas différent des autres, en amour les chemins sont multiples et dérisoires, il y a ici, plus qu'ailleurs, les résurgences de ce que nous sommes, ce que nous voudrions êtres, la somme des frustrations accumulées et tout l'inverse aussi. Sois. Vis. Partage. Aimes.

14. Par LeChieur, le 09/04/2010 à 14:04

Gilda : Ton commentaire appelle beaucoup d'arguments, mais je n'ai pas le temps ni la place pour les développer (je ne crois pas qu'on puisse systématiquement réduire une histoire d'amour qui s'achève à une victime / un bourreau, un(e) délaissé(e) / un(e) qui délaisse, etc. Dans une histoire d'amour qui marche, il y a deux personnes qui se font du bien ; et dans une histoire qui ne marche pas, il y en a souvent deux qui se font du mal (pas toujours, et pas dans les mêmes proportions, c'est vrai, mais quand même. Dire "il/elle me quitte parce qu'il/elle pouvait totalement compter sur moi", c'est ne pas voir tout ce que ce "totalement compter sur moi" pouvait impliquer pour l'autre... Mais bon, je pourrai développer si tu veux...)

En revanche, j'ai littéralement bondi à la fin de ton commentaire : "nous vivons dans une société qui entretient le culte de la nouveauté, de la surabondance et du changement à tout crin (...) Peut-être qu'on s'est gourés d'époque ?" Gloups.

Franchement, je ne changerai d'époque pour rien au monde, et surtout pas de ce point de vue-là. Parce qu'au contraire, je crois qu'on vit dans une société et une époque qui sont certes pétries de lourds défauts, mais où, pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, on s'intéresse davantage à l'épanouissement amoureux (et sexuel) de chacun qu'à la perpétuation aveugle de l'espèce. On vit dans une société et une époque où chacun a le droit incontesté (sauf par quelques tarés) et inaliénable de faire ce que bon lui semble de son corps et de ses sentiments et ce, qu'on soit un homme, une femme, hétéro- ou homosexuel(le), de couleurs, d'origines sociales ou de religions semblables ou différentes entre les deux protagonistes, etc...

Penche-toi un peu sur l'histoire du mariage depuis le 7e siècle et sur celle de l'homosexualité dans nos sociétés occidentales, rappelle-toi que les droits à la contraception et à l'avortement ne remontent en France qu'à une poignée de décennies, et jette un œil sur ton arbre généalogique : combien de couples qui se sont réellement formés par amour et qui ont réellement vécu leur union dans la joie jusqu'à la mort ? Combien d'autres, au contraire, qui se sont formés par hasard ou par obligation (pression familiale, grossesse non-désirée, arrangements, etc.) et qui ont vécu toute leur vie d'adulte comme un enfermement des sentiments ?

Aujourd'hui et ici, on a tous le droit de s'unir à qui on aime. À l'échelle de l'histoire humaine, c'est énorme. Aujourd'hui en Europe, Roméo et Juliette s'enverraient en l'air joyeusement et Phèdre pourrait déclarer sa flamme à Hippolyte. Dire "on s'est peut-être gourés d'époque", c'est soit nier l'accumulation de malheurs subis par nos aînés, soit être soi-même candidat à ce malheur.

(Pardon à Xave et à ses lecteurs de m'étaler ainsi dans les commentaires, mais là, on touche vraiment au sensible...)

15. Par xave, le 09/04/2010 à 14:09

Roméo serait mis en cabane pour détournement de mineure, oui !

16. Par niemand, le 09/04/2010 à 16:44

Pas si il est mormon, en plus il peut avoir une Juliette #2, quand la 1ere est devenue trop vieille (16ans).

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