Karma
Par Maha-ha viiiiie... - Lien permanent
Yin
1996
Parmi les copains de la fille que j'aime depuis des années, il y en a un qui la regarde de façon un peu plus appuyée que les autres. Elle ne s'en rend pas compte, ne me croit même pas lorsque je lui en parle et n'a de toutes façons aucun sentiment autre qu'amical pour lui. Ce n'est pas important, j'ai entière confiance en notre relation et du coup je suis même flatté. Quelques mois plus tard, l'amour n'étant pas éternel, elle me quitte. Oh, elle n'a rien à me reprocher, mais elle a besoin de temps pour elle, pour se retrouver, elle a toujours été très indépendante. Nous nous voyons encore régulièrement après la rupture et nous passons du temps ensemble. Ça finit par ne plus être tenable et nous nous éloignons. J'apprends que trois mois plus tard, alors que mon cadavre est encore chaud, elle a cessé de professer son besoin d'être seule : le copain sur lequel, paraissait-il, je me faisais des idées avait su se rendre disponible au bon moment.
1999
La fille que j'aime et moi avons une relation faite de confiance, d'honnêteté et de dialogue ouvert. Nous nous sommes beaucoup apporté mutuellement. Mais de vieux démons la poursuivent et l'idée même d'être en couple lui pèse. Elle n'éprouve plus de désir et s'interroge sur ses relations avec la gent masculine. La sentant très mal à l'aise, je lui propose de ne garder de notre relation que le meilleur et ce qui ne pose pas de problème : l'amitié, l'envie de découvrir ensemble, le dialogue, l'aide à la construction de l'autre. Une fois séparés, le physique mis à part, notre relation reste exactement la même, nous fonctionnons bien ensemble, nous sommes bien ensemble. Je suis de toutes façons, elle me l'a tellement répété, le seul homme en qui elle ait confiance. Un jour, nous avons passé une soirée extraordinaire ensemble. La fois suivante, j'ai senti une distance, mais elle m'assurait que tout allait bien. Après quelques heures passées à cogiter, je l'ai appelée et elle m'a confirmé ce que j'avais deviné : elle avait rencontré un mec. Je ne l'ai plus jamais revue.
2001
Je me bats avec la rupture tumultueuse qui suit une relation qui l'était tout autant, ma plus longue depuis des années, mais complètement passionnelle ; je suis épuisé, le cœur lessivé, la tête embrouillée et physiquement plus très en forme. Après maints allers-retours, elle a fini par choisir l'autre. Un gars plus de son âge. Un gars bien même, qui en plus me ressemble sur bien des points, juste moins de culture, moins... de passion. Ce qui m'est totalement insupportable, c'est que je le connais. Je n'ai du coup aucun mal à imaginer ses mains caresser le corps de celle que j'aime encore.
Yang
1998
Je tombe par hasard sur une copine que je n'avais pas vue depuis deux ans. Surpris d'être aussi contents de nous retrouver, nous nous revoyons et finissons par avoir une des relations qui m'a le plus apporté dans ma vie. Et qui m'a le plus fait perdre : Elle avait quitté deux ans avant mon meilleur ami. Il n'a jamais réussi à me le pardonner. Ça a détruit quinze ans d'une amitié hors du commun.
Commentaires
Bon, hum, voyons... Considérant que je me suis tue assez de temps et que personne ne semble disposé à ouvrir le bal des commentaires (auraient-ils tous une vie sociale très très développée ??) sur ce sujet délicat (ah ben non, voilà, c'est pour ça ! :-)), je me lance... maladroitement. Bien sûr que ces histoires sont sensibles, bien sûr que mon avis n'effacera ni les faits ni la souffrance qui leur est liée, mais parfois, un autre regard aide à changer le sien et invite à une relecture plus sereine, donc moins douloureuse quand même au final. C'est un peu cette prétention-là qui me pousse, et c'est surtout ce but-là que je recherche. Puisse-t-il en être ainsi, in nomine patri et filii et spiritu sancti, jésus marie joseph, amen.
Je trouve ces histoires rassemblées finalement assez diverses (même si je n'en connais évidemment pas la teneur (donc mon jugement est très relatif...)), et je ne comprends pas forcément bien où tu veux en venir.
Elles m'inspirent différentes réflexions, au premier rang desquelles je mettrais qu'"aimer n'est pas posséder (ni temporairement, ni définitivement)" et qu'aimer ne donne aucun droit sur l'autre. C'est déjà suffisamment compliqué de savoir aimer au présent - de savoir si on aime vraiment déjà, de savoir si on aime pour les bonnes raisons (et là on convoque toute son histoire de vie, ses recoins pas propres, ses besoins de réparation... et j'en passe et des meilleures), que si en plus on y mêle le passé et le futur de chaque relation, les restrictions de liberté à celui qui est parti au nom de blessures vives qu'on ne parvient pas à auto-réparer et pour lesquelles il faut donc un coupable et une vengeance, putain mais ça devient infernal ! Pourquoi juger ? Pourquoi punir ? Est-ce que ça aide vraiment ? Ne vaut-il pas mieux chercher à comprendre son bourreau (malgré lui)pour trouver l'apaisement ? (oui, l'empathie est parfois délicatement placée...)
A ce titre, "étrange" réaction que celle de ton meilleur ami ; étrange mais compréhensible. Il faut croire que la souffrance à laquelle il était renvoyé était extrêmement vive.
Si tu veux souligner la "lâcheté" - je préfère dire les discours détournés - de tes ex quant à l'exposition de leurs motifs de rupture, j'ai envie de te répondre que oui, à décharge pour elles, quitter quelqu'un est douloureux, tout autant qu'être quitté. On se sent inévitablement et confusément coupable d'être celui qui brise ; c'est dur d'être celui qui part ; c'est atroce d'être celui qui abandonne. Etre à l'aise avec cette culpabilité-là demande beaucoup de maturité et de recul sur sa propre histoire. Je connais peu de gens encore aujourd'hui qui en sont capables : capables de s'envisager soi-même et d'assumer devant l'autre le visage du bourreau. Et les histoires dont tu parles sont très jeunes (je ne connais pas vos âges mais la vingtaine à l'époque je suppose ?) ; il faut espérer que depuis, ces filles ont fait du chemin, appris sur elles-mêmes et appris quelques rudiments du "manuel à l'usage de la rupture" (qui reste à écrire...). On a certainement tous été coupables de ce genre de lâchetés - dont on pense en plus à tort, quand on est jeune, qu'elles sont préférables à la vérité crue - avant de grandir.
Alors c'est mon regard sur ces histoires au final : leurs leçons se conjuguent au présent (faut bien que ça serve de morfler...) mais les histoires elles-mêmes appartiennent au passé. Range-les dans le bon tiroir et fais la paix.
(putain, quelle tirade à la prévisualisation !! )
(et j'ai oublié de dire que c'est encore plus dur d'assumer de faire souffrir l'autre quand on sent cet autre "fragile" - trop fragile. Le bourreau adapte vraisemblablement inconsciemment sa lâcheté à la personnalité de sa victime... à méditer...
Bon cette fois, j'arrête. Bon courage et keep smiling please :-))
Emma, je t'aime.
Dis Xave, tu m'avais pas dit que c'était un site de rencontres par ici. File-moi l'adresse de Polyx, je crois que j'ai une touche :-D
(Pardon, il ne faut peut-être pas plaisanter là-dessus... mais c'est plus fort que moi, j'aime me moquer
(de moi d'abord), je suis une teigne)