Métaphore

Il fait froid dehors

Ciel de Flandre

Je suis allé faire hier avec quelques camarades un tour en Flandre, juste histoire de prendre l'air. Mais en allant simplement prendre l'air, je me suis retrouvé un peu chez moi.

J'aime ces paysages, et j'aime surtout ce ciel, qui est magnifique quand il fait beau, et qu'il l'est d'une certaine façon encore plus quand il est bas. Il jouait hier à cache-cache et laissait passer par moment le rayon de soleil nécessaire pour sécher le trois gouttes qui étaient tombées la minute précédente.

Nous sommes partis sans destination plus précise qu'un rendez-vous plusieurs heures plus tard, et la voiture a pratiquement choisi la route toute seule. Plus exactement, c'est sans doute directement mon inconscient qui a guidé mon volant, puisque je me suis retrouvé dans l'estaminet où j'ai passé les plus belles heures de ma jeunesse.

Peut-être que ce n'est pas le terme qui convient le mieux, disons que de toute ma vie, c'est un des endroits où je me suis le plus construit. Je l'ai fréquenté assidument pendant plus de dix ans, je n'y ai que des bons souvenirs, parmi les meilleurs de ma vie, il est intimement rattaché à trois des relations les plus importantes que j'ai connues, j'y ai appris la guitare, j'y ai écrit des dizaines de chansons avec l'homme de ma vie, c'était notre camp de base, comme ça l'était pour ma première grande histoire d'amour et pour celle qui m'a appris à commencer à penser du bien de moi. J'y ai pris mes plus grandes cuites, j'y a vécu mes plus grands délires et mes meilleurs fou-rires.

Et puis c'est mort. Après deux patrons d'affilée qui ont permis une ambiance épatante, un troisième est arrivé qui a fait d'énormes travaux pour transformer un estaminet traditionnel en imitation d'un estaminet traditionnel. Plus propre, mais sans âme, avec du néon rouge sur la façade. Exit les guitares, exit les rires et exit les amis, circulez, y'a plus rien à vivre.

Ça ne devait pas être plus de la troisième ou quatrième fois que j'y retournais depuis, et la première depuis de longues années. L'effet ressenti est étrange : je me suis retrouvé assailli de ces souvenirs là, dans la période actuelle où je suis un peu paumé et que ma vie n'est pas ce que je voudrais qu'elle soit, je me suis retrouvé en plein milieu de mes meilleurs souvenirs de jeunesse.

Et je n'ai pas ressenti de nostalgie. Pas de cette nostalgie qui entraine les réflexions à la C'était mieux avant en tous cas. Les souvenirs étaient là, agréables, mais juste ça : des souvenirs agréables. Je ne regrette pas de ne plus y être. Je regrette la disparition des amis, des amies et des amours qui sont rattachés à l'endroit, mais voilà, c'est fait, c'est passé.

J'ai l'impression d'être tombé sur un vieux copain, d'avoir échangé quelques bons souvenirs et de l'avoir quitté sans prévoir de le revoir.

Ceci dit, bordel, qu'est-ce qu'il est beau, mon pays !

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