Camille Dalmais - le Fil
Pourquoi tu m'appelles un chat alors que j'm'appelle un chat ? ...
Pourquoi tu m'appelles beauté comme si ça se voyait pas ?
Mais quel mal me prit de m'éprendre de lui ?
Je suis bassiste, par choix. Je précise parce que si la race des bassistes parce qu'ils ne sont pas assez forts en guitare est en baisse d'effectifs, elle n'est pas pour autant éradiquée. Je ne sais pas si c'est pour être contrariant, mais je ne me suis mis à la guitare que bien longtemps après la basse. L'instrument m'intéresse parce qu'il peut dégager de la puissance, être mélodique autant que rythmique et a une importance énorme en termes d'harmonie. Le tout en étant derrière : sauf cas particulier, la basse ne s'entend pas : elle s'écoute. Si on ne la cherche pas, elle sert le morceau, mais personne ne s'en rend compte.
Forcément,comme il s'agit de mon instrument de prédilection, j'ai plutôt tendance à l'écouter. C'est parfois la basse qui me rend accro à un morceau. Quand j'ai parlé d'Arnaud Fleurent-Didier, je n'ai pas précisé, mais ce garçon a des lignes de basse que j'aime beaucoup, très mélodiques, et le son de l'instrument dans sont disque est plutôt pas mauvais.
Quand j'ai découvert Le Sac des Filles, de Camille, je n'ai pas souvenir d'avoir fait attention à la basse. Sans doute est-ce autre chose qui m'a attiré (parce que quand même, je ne suis pas sectaire.) En tous cas, je suis tombé fan, hop, d'un coup. Transi de n'avoir qu'un seul album à me mettre sous l'oreille. Heureusement, c'est maintenant réparé : Camille a sorti un nouvel album, intitulé le Fil. Et il est bien...
Un instant j'ai eu peur : la semaine de sa sortie, je suis allé l'acheter. Avant de m'enfuir vers ma platine avec le disque sous le bras, je me suis permis d'y jeter un coup d'oreille, puisqu'il était en écoute. Ma première impression ? Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? Tous les morceaux se ressemblent !
Ce n'est pas exactement vrai.
La particularité, c'est qu'avant le premier morceau, on entend la demoiselle prendre une respiration et chanter une note, un si. Par la magie de la technique, cette note chantée va être tenue tout l'album, et les morceaux vont être brodés autour de ce fil (d'où le titre, subtilité !) Vu de ma borne d'écoute, ça donnait quelque chose comme oooooom *next* oooooom *next* oooooom *next* oooooom *next* ...
De quoi être perplexe.
Heureusement, un fois qu'on a l'occasion d'entre le disque dans son intégralité, la peur d'avoir affaire à de morceaux qui se ressemblent tous ne tient plus, on a bien affaire à un album bien diversifié dont les morceaux peuvent être parfaitement être écoutés un par un, hors contexte, mélangés dans un playlist avec plein d'autres choses...
À l'écoute du premier album, j'avais été séduit par la légèreté de celui-ci, et j'attendais impatiemment ce deuxième album pour retrouver la même sensation. Raté. Le son du disque est beaucoup plus léché, là où on avait sur le précédents des morceaux avec une voix soutenue par exemple par une guitare acoustique et une flûte, on se retrouve maintenant avec de la basse, de la batterie, de la guitare, du piano et des voix. Plein ! Mais toutes la même.
Parce que Camille s'est fait plaisir : elle a profité des possibilités d'un studio moderne pour faire de sa voix, de ses voix, l'instrument principal de cet album. A certains endroits où on aurait pu s'attendre à trouver de l'orgue, des cordes ou des percussions, on a de la voix. Ce qui est plutôt amusant, parce que ça augmente pas mal les possibilités d'expression finalement : des percus, ça ne prononce pas de mots, et sa voix, ben... ça fait du bien d'entendre une voix à possibilités qui ne ressemble pas à toutes celles qu'on entend à la radio tout le temps.
Bon d'accord, j'imagine super mal comment elle peut jouer certains de ces morceaux sur scène[1], mais on s'en fout. Après tout, les Beatles eux-même ont arrête la scène en partie parce qu'il n'y pouvaient pas reproduire la musique qu'ils avaient dans leur têtes. On ne va quand même pas se laisser arrêter par la faisabilité physique...
Le plus étonnant dans cette album, c'est qu'on arrète très vite de se rendre compte que c'est un exercice de style : après une ou deux écoutes, on a oublié ce bourdon et on écoute les morceaux sans même se rendre compte qu'ils sont liés, et on se retrouve en face de morceaux plutôt pas mal du tout. Je ne les aime pas tous autant, mais la note générale est plutôt élevée. Pour être franc, à l'instar du précédent, ce disque est aussitôt entré dans ma liste des disques que je suis capable d'écouter en boucle plusieurs jours de suite. Signe qu'il est suffisamment varié et profond pour que mon oreille décorticatrice y trouve encore de nouvelles choses à chaque écoute, et ça n'arrive pas tous les jours (ma liste de tels disques ne doit pas comporter une vingtaine de titres (mais j'admets qu'au bout d'un certain nombre de centaines de passages, ils ont quand même tendance à sortir de la liste, il y a tout de même un moment où j'ai l'impression d'en avoir tiré tout ce que je pouvais en tirer.))
Cet abloume est bien, d'ailleurs tout le monde le dit (il faudra que je me fasse soigner : de plus en plus d'albums que j'achète portent un sticker Évènement Télérama) mais tout le monde s'attarde un peu trop, moi personnellement je trouve, sur le coté performance et exercice de style. Pour moi, c'est un détail... Ce qui me plait, ce sont des mélodies envoûtantes, des textes décalés, une voix qui part dans tous les sens, des jeux avec les mots, des arrangement surprenants, et la basse.
Parce que pitain, moi, je prendrais bien le bassiste et l'ingénieur du son qui va avec. Quand on a un morceau avec une pelote de voix qui partent dans tous les sens et une grosse basse qui traverse ça de part en part, je ne peux qu'accrocher du premier coup. Il y avait beaucoup de légèreté dans l'album précédent, il y a beaucoup plus de chair, de corps dans celui-ci, c'est pas dégueu du tout.
Notes
[1] Ou alors justement comme Arnaud Flaurent-Didier : en virant tout, puisque ce garçon a lui même sur son album des morceaux où il assure la guitare, la basse, le piano, la batterie, le violoncelle, le Hammond et plusieurs parties de chants qui s'entrecroisent et dialoguent l'une avec l'autre, et qu'il joue ce genre de morceaux sur scène tout seul avec juste un piano. Ou alors comme Queen, qui remplaçaient sur scène la subtilité de leurs arrangements (si, j'ai dit. Essayez de mettre la main sur des partoches qui détaillent leur 6 parties de piano, 13 parties de guitare et 22 parties vocales superposées sur trois mesures, vous comprendrez ce que je veux dire) par de la puissance brute.
Commentaires
1. Par ZeuBeuBeu, le 21/04/2005 à 09:21
2. Par Benoît, le 24/04/2005 à 16:11
3. Par fanchon(alias yaya), le 07/05/2005 à 21:56
4. Par Geoffrey, le 18/10/2005 à 10:31
5. Par xave, le 20/10/2005 à 21:33
6. Par morgane, le 27/12/2005 à 22:24
7. Par Monsieur Le Chieur, le 27/12/2005 à 23:18
8. Par Ligue anti-SMS, le 28/12/2005 à 06:36
9. Par Monsieur Le Chieur, le 28/12/2005 à 12:00
10. Par Princedubronx, le 27/02/2006 à 12:27
11. Par grinch7, le 02/03/2006 à 12:34
12. Par Marie, le 25/03/2006 à 18:51
13. Par M. LeChieur, le 27/03/2006 à 08:43
14. Par M. LeChieur / Ligue pour le respect de l'accentuation, le 27/03/2006 à 08:45
15. Par N£S$, le 25/06/2006 à 13:24
16. Par edith, le 30/07/2006 à 21:17
17. Par marianne, le 07/11/2006 à 20:51
18. Par Kozlika, le 07/11/2006 à 21:01
19. Par LeChieur, le 07/11/2006 à 22:48
20. Par xave, le 08/11/2006 à 00:34
21. Par LeChieur, le 08/11/2006 à 10:10
22. Par Old York, le 25/11/2006 à 19:45
23. Par zenesprit, le 22/12/2007 à 15:28
24. Par coraly, le 05/01/2008 à 16:13
25. Par bakon, le 17/01/2008 à 01:34
26. Par camille marceau, le 28/02/2008 à 19:18