Métaphore

Ici, vos chemises "Sur mesure" !
un marchand de chemises

En fait, ça me gonfle, en fait... Parce qu'en fait, ces gens qui ne savent pas parler, et ben en fait, j'en ai marre. Avant, je tiquais juste une fois de temps en temps, mais en fait, maintenant, les gens n'arrêtent plus jamais, en fait.

Je connais bien le problème : Ça m'est arrivé. Et ça n'a vraiment pas été facile à vaincre... Passer du stade où l'on s'en rend compte juste après avoir prononcé le "en fait" maudit, puis celui où l'on s'en rend compte en le disant, mais trop tard, puis assez tôt pour s'arrêter à "en f..." puis enfin juste avant de le dire, ça m'a pris des mois. Et je ne parle même pas du temps qu'il m'a fallu pour ne même plus avoir la tentation de l'employer ! C'est bien simple : ça m'a pris plus de temps que d'arrêter de fumer !

Ce qui est assez extraordinaire là dedans, c'est de voir à quel point la maladie est répandue : une fois que vous vous en êtes rendu compte, vous vous apercevez que trois personnes sur cinq au moins vous gratifient d'"en fait" récurrents et insupportables ! Et personne ne semble s'en rendre compte. Même ma jolie Julie, qui est quand même une fille qui est tout sauf bête, était touchée par la maladie quand je l'ai connue... Bien entendu, maintenant qu'elle est guérie, elle a le même problème que moi : elle se rend compte que les autres sont touchés, et avec un fléau aussi répandu, c'est assez difficile à vivre.

Bon, il y a d'autre maladies assez proches : "Au jour d'aujourd'hui" me fait vomir. Quand est-ce qu'on dira "au jour d'au jour d'aujourd'hui ?" "Tout à fait" me hérisse : essayez d'écouter la radio (ou de regarder la télé, mais je ne le conseille pas trop,) vous vous apercevrez que personne ne dit plus jamais "oui", de nos jours, on dit "tout à fait !"

Et tout ça pour quoi ? Pour faire des longue phrases ? Pour se donner le temps de réfléchir tout en évitant de relâcher la parole ? Des fois que l'interlocuteur essayerait lui aussi d'en placer une, le salopard ! Cela ne sera pas ! Mais par pitié, qu'on essaye de faire des phrases courtes ! Ou en tout cas pas plus longues qu'elles ne le méritent... Un abruti qui trouve que "j'ai faim" est trop court et qui va sortir "En fait, tu vois, j'ai faim, j'veux dire. Hein ?" n'est pas tout soudain un prix Nobel de littérature : c'est un abruti qui est en plus gonflant. Tu vois c'que j'veux dire ?

La prochaine fois, je vous parlerai de l'étrange cas des guillemets que neuf personnes sur dix utilisent comme des cons.