En juillet 1999, j'arrivais à Bruxelles pour prendre ma nouvelle place de "support utilisateur" au Comité Économique et Social. Tout perdu que j'étais... Un peu excité par l'aventure mais pas mal effrayé quand même devant la nouveauté. Je devais changer d'emploi, d'appart, de ville, de pays, et apprendre à vivre complètement tout seul, ce que j'avais eu peu l'occasion de faire jusque là.

Et ben je m'en suis plutôt pas mal sorti : c'était mon boulot de merde (mais avec une bonne ambiance, heureusement) où il n'était pas possible d'évoluer, et malgré ça j'ai réussi à évoluer et à monter, une première dans la place (et ça, quand même, j'en suis fier !) J'ai trouvé un appart qui m'a fait de l'usage, un patelin dans lequel je me sens vraiment chez moi (vous ne connaissez pas Bruxelles ? Viendez les gens, c'est bien !), le pays n'est pas loin du mien et les gens y sont bizarres mais plutôt sympathiques (ils n'ont pas par exemple ce complexe de supériorité qu'ont les français.) Quant à vivre complètement tout seul, j'ai trouvé le bonheur : Je fais ce que je veux, quand je veux, je suis bien installé entre mes guitares, mon nateur, mes bouquins et ma télé et personne ne m'emmerde ! Beaucoup de gens ont du mal à vivre seul et dépriment assez vite, c'est exactement le contraire de moi : tout seul, je suis bien, je m'entends super bien avec moi, je me trouve de très bonne compagnie !

Il n'empêche. Quatre ans, c'est quand même quelque chose... Il y a quatre ans, j'étais encore un post-adolescent à la mentalité étudiante... Bon d'accord, je le suis toujours, mais je m'en sors beaucoup mieux, matériellement parlant. Il y a quatre ans je vivais une histoire compliquée avec Do en attendant de retomber dans mon attente du retour de Val dont j'étais séparé depuis déjà trois ans, maintenant Julie est là, et ma foi, le retour de qui que ce soit qui fit partie de ma vie amoureuse jusque là serait superfétatoire. Il y a quatre ans, MaRDyCk était au meilleur de son désespoir, maintenant le Toune a disparu, faisant suivre à MaRDyCk la route inaugurée il y a longtemps par les Frères Ennemis. Il y a quatre ans je pesais beaucoup moins, mais c'est la Belgique qui fait ça. Il y a quatre ans, j'étais jeune.

Il y a quatre ans que régulièrement, parfois en traînant la patte, parfois sans savoir m'arrêter, j'écris ici mes petites aventures et mes petites réflexions. Quatre ans que certains fidèles grognards viennent ici prendre de mes nouvelles, vu que c'est quand même le but avoué du site, à la base : éviter de devoir raconter la même chose à tout le monde en plusieurs fois, donc tout raconter une seule fois pour que tout le monde se puisse tenir au courant. Et puis je me suis parfois laissé aller à dire tout le mal que je pensais des gens, mais j'ai plutôt tenu mes objectifs jusqu'ici.

Quatre ans, quand même, c'est quelque chose. La dernière fois que j'ai essayé de tout relire, je n'y suis pas arrivé. Ce n'est pas que ça fait une oeuvre, mais quand même, ça en fait de la copie ! Je ne voudrais pas refaire le chemin à l'envers comme dirait l'autre et avoir à tout retaper maintenant, ça ferait beaucoup. Ça fait beaucoup. Je suis trop bavard parfois.

C'est quand même étrange : je suis souvent resté assez évasif, à raconter des choses, mais de façon assez détournée, parce que finalement, on a beau s'étaler sur le Net, on reste tout de même pudique. Et puis on ne sait jamais qui va tomber sur ces pages : il est évident que je ne raconte pas exactement les mêmes choses à mes potes, à mes collègues ou à mes parents. La cible ici a toujours plutôt été les potes, et eux vont comprendre certains sous-entendus qui seront invisibles à d'autres. Ce qui me permet quand même finalement de pas mal raconter ma vie, et vu que j'aurais moi même tendance à comprendre mes propres sous-entendus, je me souviens de choses en relisant ces pages qui m'étaient autrement sorties de la mémoire. Et ben c'est bizarre comme effet !

Où l'on s'aperçoit quand même que la mémoire est sélective : c'est plein de petites anecdotes qui m'étaient sorties de l'esprit depuis si longtemps. À la rigueur, c'est tellement plein de futilité... Parce que beaucoup de choses qui peuvent paraître importantes sur le moment ont perdu beaucoup de leur intérêt quand on les regarde avec quelque mois, voire quelques années de recul. Et ça vaut pour beaucoup de choses, pas seulement pour mes grandes douleurs romantico-amoureuses ... Oui, c'est bizarre de se regarder soi même avec le recul. J'aurais du commencer beaucoup plus jeune, tiens.

Remarquez bien que j'avais justement commencé beaucoup plus jeune, mais le journal intime et solitaire justement est un exercice beaucoup trop personnel et beaucoup plus difficile à relire avec le recul. Surtout quand on se souvient que le bonheur est plutôt inintéressant -du point de vue de l'écriture- et que je fais partie de ces gens qui ne sont réellement poussés à l'écriture que par le blues. Ça rend mes écrits de jeunesse trèèèès ... Comment dire ? Geignards.

Alors qu'ici, ma foi... Une fois où deux, je me suis laissé aller à écrire des conneries d'obédience littéraire et d'intérêt voisinant le néant, mais la plupart du temps, je m'en suis assez bien sorti et j'ai gardé ce genre de conneries pour moi, même s'il est assez facile quand on me connaît de retrouver les périodes où ça n'allait pas bien.

Quatre ans. Et pendant qu'un écrémage sévère (il y avait au départ beaucoup de rubriques qui n'ont jamais évolué et qui ont fini par tomber parce qu'elles étaient complètement sèches) permettait de garder ce site en vie, mes anciens hébergeurs disparaissaient : Altern a cessé son activité, Citeweb est mort, Mygale s'est métamorphosée en Multimania avant de se faire racheter par Lycos... Et avec eux ont disparu les précurseurs de Xave.org, MaRDyCk.org et Pinpin OnLine. Et puis MaRDyCk.org s'est éteint, Pinpin OnLine s'est figé et ce site-ci est resté le seul en vie de la Galaxie MaRDyCk. Au moins, il en reste un ! J'ai un camarade qui dans le même temps à créé et tué au moins une douzaine de sites dont certains étaient même intéressants. C'est vrai qu'on retrouve toujours un peu les mêmes problèmes : un site, oui, mais pour y parler de quoi ? Et est-ce qu'on a suffisamment de choses à dire pour empêcher qu'il meure d'immobilité ?

Oui-da. Quatre ans. Putain, quatre ans, comme dirait l'autre... Et je suis toujours là. Bon anniversaire mon site. Et vis vieux, hein !

La prochaine fois, je vous parlerai quelques années encore.