Métaphore

Il fait froid dehors

merdix

'Cher monsieur, m'ont-ils dit, vous en êtes un autre',
Lorsque je refusai de monter dans leur train.
Oui, sans doute, mais moi, je n'fais pas le bon apôtre,
Moi, je n'ai besoin de personn' pour en être un...

Le pluriel en vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
Est plus de quatre on est une bande de cons ...
Bande à part, sacrebleu ! c'est ma règle et j'y tiens.
Parmi les cris des loups on n'entend pas le mien.

Georges Brassens

Je n'aime pas les mouvements de foule. Je m'en méfie comme de la peste ... C'est pour cette raison que je me méfie également des divertissements de masses et des engouements universellement partagés qui en sont la source. La culture de masse m'effraye et j'évite d'y adhérer.

Partant, quand tout le monde autour de moi, à la radio, à la télé m'assure que tel ou tel artiste ou tel ou tel film à gros budget est le plus génial de tous les temps et qu'il faut absolument que je l'écoute ou le vois ou le lise ou que sais-je encore ... Je m'empresse de courir dans la direction opposée. Il a fallu que je me rende compte que j'avais vu et aimé tous les films de James Cameron avant d'accepter de voir Titanic, qui n'est vraiment pas mal foutu, il faut bien le dire : Juste ce qu'il faut d'histoire à midinette pour nous promener dans une reconstitution magistrale.

Ne voulant pas mourir idiot, et essayant d'oublier tous les "naaaan, tu vas voir, c'est supeeeer..." qui m'ont pollué les oreilles depuis sa sortie, j'ai fini par regarder Matrix.

Si.

Qu'est-ce que c'est que cette daube ?

Entendons-nous : j'ai apprécié le film, je l'ai regardé avec intérêt, et j'ai été pris par l'histoire, comme par ailleurs il y a quelques années j'ai été pris par l'histoire d'un John Woo période Hong-Kong. D'ailleurs, c'est exactement la même chose. Bien sûr, il y a l'histoire de l'informaticien (en plus, je suis la cible du film), le trip cyberpunk, la science-fiction gore à la Giger, l'avenir sombre à la Blade Runner ... Et un putain de film de Kung Fu de merde.

Le postulat de base est intéressant, j'imagine ce qu'il aurait pu donner sous la plume d'un Van Vogt, d'un Dick (cliché, d'accord, mais on est un maître ou on ne l'est pas) ou d'un Spinrad ... Un de ces auteurs de la grande époque "la vérité est ailleurs", quand on écrivait de la meilleure SF si on prenait régulièrement du LSD. Il y a un terme précis pour désigner ce genre d'histoire où le héros n'est au départ rien d'autre qu'un rouage parmi les autres de la grande machine et où son trajet finit par le rendre presque omnipotent, j'ai toujours été très client, ça aurait tendance à me plaire. Je suis même près à passer le salmigondis néo-biblique du NEO-ONE l'élu, là aussi cliché éculé mais toujours en forme au cinéma, il y a pire et bien plus mal employé dans le domaine, même si on peut aussi trouver bien meilleur et bien mieux caché comme référence universelle sous-jacente. Ce qui ne passe pas, au risque de me répéter, c'est ce film de Kung Fu.

Du Kung Fu et tout ce qui va avec, tout ce qui est belles images splendidement orchestrées avec force ralentis et effets de styles. Ah oui, ils sont réussis, ces effets de styles, mille fois copiés depuis. Heureusement qu'ils y sont d'ailleurs, j'ai failli croire à un moment que j'étais en train de regarder une histoire. Merci messieurs les réalisateurs de m'avoir empêché d'oublier que j'étais devant un grand spectacle qui coûte cher.

Ceci dit, ce n'est pas de leur faute, les pauvres : c'est comme ça maintenant : on fait du gros spectacle. S'il y a une explosion, il faut absolument que passe en gros plan devant la caméra la tête arrachée d'une victime, s'il y a une bagarre, elle doit avoir 732 plans à la minute et des ralentis sur des levers de pied qui n'existent pas en vrai, s'il y a une fusillade, il faut des gros plans sur les impacts de balles sur les belligérants... Une mentalité de réalisateurs de clips MTV, quoi. Quelle merde.

Et tous ces messages freudo-Philosophico-bibliques, qu'est-ce que c'est lourd ! Depuis qu'on s'est mis à décortiquer les films à succès et à y trouver des clichés sous-jacents, voilà qu'on s'est mis à construire des succès sciemment à partir de ces clichés. Et les critiques de se pâmer et la masse d'acclamer. Marre des films à effets.

Vous savez ce qu'on aurait pu faire avec cette histoire ? Un excellent moyen métrage. Ou alors un bon film de Terry Gillian, il aurait su quoi faire pour garder l'histoire intéressante sans se laisser dépasser par les effets. Trop tard, nous voilà avec une énième série B à gros budget sur les bras. Vous m'excuserez de continuer à préférer Existenz, voire le Truman Show, pour rester dans le même concept.

Pour finir, je rappellerai juste que je me suis bien amusé, et qu'en tant que spectacle, ce n'est pas si mauvais. Mais par pitié, dans quel monde parallèle est-on qu'on aille imaginer qu'une série B est un des plus grands films de tous les temps ?

La prochaine fois, je vous parlerai de Bullit, ça au moins c'est un vrai film.

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