J'ai une histoire à vous raconter. Je l'avais dans ma besace depuis un bout de temps, mais une enchianteresse m'a donné la pichenette qui me manquait pour commencer à en faire des mots. Attention, c'est une histoire vraie.
Prenons un garçon que nous appellerons Eusèbe, faute de mieux. Eusèbe est né dans une famille modeste, mais dure à la tâche. Ses parents lui ont enseigné les vraies valeurs et lui ont fait comprendre que le bonheur de sa vie future ne tenait qu'à lui. Eusèbe a bien compris et est devenu un élève modèle. Il ne jouait guère au ballon avec les copains, mais il était toujours dans les premiers de sa classe. À l'adolescence, il n'a guère perdu de temps à tourner autour des filles : il était un des meilleurs de sa classe. Arrivé au lycée, plutôt que d'aller fumer des pétards et se bourrer la gueule avec ses copains, il travaillait chez lui. Parce qu'il n'était pas un de ces élèves brillants sans le faire exprès : c'était un sacerdoce de chaque instant que de se maintenir parmi les meilleurs, il n'avait pas de temps à perdre en futilités, il s'occupait à se préparer une belle vie.
Parce qu'il avait décidé depuis longtemps de ce qu'il allait devenir : Comme dans les plus beaux rêves de ses parents, il serait médecin. Ça a représenté beaucoup de travail, beaucoup de sacrifices sociaux, de sacrifices financiers aussi, la moitié de sa scolarité a été axée vers ce but : devenir médecin. S'assurer une vie hors du besoin, une position enviable, qui en plus allait lui permettre de rattraper son retard abyssal en filles.
Le jour où il a eu tous ses diplômes, ça a été une fête dans la famille. Lui même avait du mal à imaginer ce qui l'attendait, il n'avait jamais rien fait d'autre jusque là que de bûcher dans l'attente de ce moment là, la délivrance allait enfin arriver, la vie allait enfin pouvoir commencer. Bon, il restait encore le service militaire (oui, ça date, mon histoire) mais même ça, c'était déjà presque une détente.
Eusèbe est mort d'un accident de la circulation pendant son service militaire.