La journée commence à Singapour[1], entre deux avions de Singapore Airlines. Jusqu'à présent, je pensais que le décalage horaire allait être similaire entre l'aller et le retour : plus douze heures ou moins douze heures, c'est pareil, c'est un tour de cadran. Je me rends compte maintenant qu'il y a une subtile différence : À l'aller, nous vivons deux journées de dix-huit heures, au retour, ça sera une seule de trente-six heures.
Je ne sais pas si ça va changer grand-chose : de toutes façons, c'est trente-six heures pratiquement sans dormir ; Ce n'est pas le ronflement de l'avion qui me dérange, c'est la position assise. Hier, j'ai réussi à grappiller une heure de mauvais sommeil, aujourd'hui, j'attraperai sans doute exactement le même torticolis.
Singapore Airlines, c'est pas mal, on y est bien traité. Les stewards et hôtesses donnent l'impression de passer toutes les trois minutes ; Le système individuel de loisirs s'améliore à chaque voyage, l'offre de films s'étoffe, il y a des jeux, et la nouveauté, pour moi en tous cas, c'est la possibilité de brancher sa clef USB pour regarder ses photos, lire ses vidéos, écouter ses musiques et, cerise sur le gâteau, éditer ses fichiers office. Si : Star Office est installé dans chaque siège (mais le clavier est pourri.)
D'accord, ça n'est pas encore tout à fait au point, puisque mon propre écran m'a gratifié d'un plantage suivi d'un reboot sauvage. Mais assister à un reboot de Linux à dix mille mètres d'altitude, ça n'a pas de prix. Remarquez, même quand ça marche, on a des surprises, puisqu'un des films que regarde Julie[2] est précédé de deux avertissements : le premier pour dire que le film n'a subi aucune édition quant à son contenu, le second pour dire que le film a été édité dans son format et dans son contenu.
Dans une heure, nous nous posons à Auckland, il sera presque minuit ici, il sera midi après une nuit blanche à notre horloge interne. J'espère que nous trouverons vite le taxi qui nous conduira à l'hôtel.
Arrivés à l'aéroport, nous devons passer par le contrôle de bio-hazard-machin-truc, histoire qu'ils puissent vérifier que ni les chaussures de Julie ni notre tente n'amènent de vilaines graines. Nous leur confions donc la tente que nous devons récupérer toute validée et repliée à l'extérieur. Mais le gars qui passent la tête un peu plus tard par le guichet idoine a la mine déconfite : Dites-moi que vous êtes les gens de la tente !
Je dois passer en coulisse pour aller la replier pour eux ; Au moins, maintenant, ils connaissent les tentes instantanées de Décathlon.
Dernière ligne droite : nous trouvons un taxi (commun), arrivons à l'hôtel et je me fait mal comprendre. Mon anglais est-il si mauvais ? D'après Julie, je parle trop vite et avec l'accent américain, pfff...
Je pensais que j'allais vivre la plus longue journée de ma vie, en réalité, j'ai vécu les deux nuits blanches consécutives les plus courtes de ma vie.