Métaphore

Il fait froid dehors

Deux provinces, treize états, et cinq milles miles

Road trip 2013

Je suis revenu, je ne voulais pas.

Arrivé à Montréal début août, reparti de San Francisco fin septembre : un mois et demi loin de tout, un mois seul sur la route, c’est largement suffisant pour oublier la vie de tous les jours, et elle ne m’a pas manqué un instant. Ça ne s’est pas passé exactement comme c’était prévu : ça s’est passé mieux.

J’imaginais, par expérience, que j’allais passer par des moments d’ennui, de solitude ou de mal du pays. J’étais prêt à accueillir ces moments-là, voire je les recherchais. Je suis du genre à penser qu’on n’a plus tellement l’occasion de s’ennuyer de nos jours et que c’est bien dommage, parce que ça fait du bien de temps en temps de n’avoir rien d’autre à faire que de penser, et que je ne suis pas tellement du genre à pouvoir caser ça dans un agenda : “Jeudi, 17h à 18h : penser”. On peut appeler ça “méditation” ou “réflexion”, si on veut ; en réalité, c’est même une machine que j’ai un peu de mal à arrêter, mais le problème, c’est le manque d’occasion où on peut le faire sans interruption.

Du coup, conduire huit milles kilomètres et passer de longs moments dans des paysages gigantesques et vides, ça me paraissait un bon moyen de le prendre, ce temps. Et ça n’est jamais arrivé. Jamais je n’ai ressenti cet ennui, jamais je ne me suis demandé ce que je faisais là. Ça en est même étonnant quand on connait mon inertie légendaire et la difficulté que j’ai à bêtement sortir le cul de mon appart, fut-ce pour aller voir des potes : je me suis senti parfaitement à mon aise d’un bout à l’autre. Au bout de quinze jours, seul sur la route, j’ai ressenti un peu de mal du pays : ça a duré trente minutes.

En partant ainsi seul, je pensais aussi -attention, cliché- partir à la rencontre de moi-même, découvrir un peu qui je suis. Perdu aussi : par le passé, c’est vrai que ça m’a aidé à avancer. Cette fois-ci, non, rien de neuf, je n’ai pas découvert quoi-que-ce-soit sur moi. Pendant un bout de temps, ça m’a frustré, jusqu’à ce que je comprenne que je n’aurais pas droit cette fois-ci à une découverte, mais à une confirmation : je suis à peu près qui je voulais être quand j’ai commencé la thérapie, il y a cinq ans, on va pouvoir passer à la suite.

Level Up.

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Commentaires

1. Par Philippe, le 07/10/2013 à 18:21

Welcome back, dude, we've got plenty of work for you here :P

2. Par NommerAimer..., le 08/10/2013 à 10:45

Je lève mon verre (enfin, ma tasse), à ce passage de niveau.

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