Métaphore

Il fait froid dehors

Casanier

Il y a quelques mois, j’étais en terrasse en train de boire un coup avec des copains bien. Dans la conversation, j’expliquais, comme je l’ai beaucoup fait ces trois dernières années qu’en me retrouvant célibataire, j’avais perdu mon démarreur, celle qui initiait les activités, et que rendu à moi-même, je me retrouvais casanier comme je l’ai toujours été. L’ami Biou (car c’était lui. Enfin, il n’était pas seul, forcément, suivez mon regard.) m’a alors expliqué que comme j’étais ce soir là en train de boire un coup à Metz alors que la veille j’avais quitté Bruxelles pour aller à une soirée à Paris, je rentrais assez peu dans sa définition de casanier.

Et ça m’a fait réfléchir, pas qu’un peu d’ailleurs, vu que je ne me décide à mettre ça par écrit que quatre mois plus tard ; je me suis demandé si ma vision des choses n’était pas un peu biaisée, parce que du coup, j’ai observé un peu mes emplois du temps depuis et je ne suis pas sûr que ça corresponde à ma définition non plus. Ces six derniers mois, j’ai passé des semaines seul sur la route en Écosse, il m’est arrivé de faire 700km pour passer la soirée avec une fille, j’ai hébergé des copains ou des naufragées des grèves que je ne connaissais pas deux heures avant, j’ai décidé brutalement d’aller revoir des potes que je n’avais pas vus depuis des années, j’ai refait de la musique, je me suis démené pour offrir un piano, j’ai voulu (mais ma santé n’a pas été d’accord, je n’ai accepté la défaite que quelques heures avant) faire plus de deux mille kilomètres en un week-end pour l’anniversaire d’une amie, je me suis décidé pratiquement sur un coup de tête à partir dans un pays que je ne connaissais absolument pas, je me suis chopé des sangsues en traversant la jungle. Aidé par tout ça, trois opérations, une maladie et de multiples examens, moi qui étais si fier, il y a presque un an, d’avoir passé pour le première fois en plus de dix ans deux week-ends de suite chez moi, j’en aurai passé trois avec mes pénates entre juin et décembre 2010, dont un où j’ai reçu et où j’ai quand même vadrouillé pas mal.

Je me repassais ça et le reste en tête le week-end dernier, qui était le premier depuis septembre que j’ai passé peinard seul chez moi. Et du coup, effectivement, je ne suis pas sûr de vraiment correspondre à ce qu’on peut appeler casanier[1].

Je ne suis pas beaucoup plus avancé.

Parce que d’accord, cette interrogation que j’ai eue jusqu’à l’été dernier, à me demander pourquoi j’étais aussi pantouflard, ne tient plus vraiment la route. Sauf que du coup, j’en ai une autre à la place, à laquelle je n’ai pas le moindre embryon de réponse : pourquoi est-ce que j’ai tellement le sentiment de l’être ?

Note

[1] On notera quand même une différence notable avec l’époque où je n’avais pas ce sentiment et maintenant : les week-ends étaient alors organisés trois mois à l’avance, les vacances six ou neuf mois. Aujourd’hui, c’est un peu plus spontané, genre ce week-end où j’ai décidé d’aller au théâtre juste à temps pour sortir et ne pas rater le début de la représentation.

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Commentaires

1. Par mirovinben, le 12/01/2011 à 18:09

Tu as rencontré par deux fois un mec devenu énormément casanier. Cela peut paraître étrange puisque cette rencontre s'est faite à 360km de son antre. Si tu veux, je peux te mettre en rapport avec moi pour t'expliquer comment je fais (ou plutôt comment je ne fais plus).

2. Par martin, le 12/01/2011 à 21:09

Même si on est casanier, stricto sensu on ne peut pas passer un week-end "dans" ses pénates :-) En tout cas merci pour ta carte !

3. Par xave, le 12/01/2011 à 21:22

Martin> Hein ? Quoi ? Où ? Tu as dû mal lire. (sifflote...)

Mirovinben> Désolé, dans l'équipe où je te côtoie, il y a historiquement un hors concours qui fait de toi un grand aventurier.

4. Par L'Astronome, le 12/01/2011 à 23:25

J'ai une réponse, mais je préfèrerais te la faire en privé devant un café si tu veux bien. Quand est-ce que tu reviens à Paris, pantouflard ?

5. Par mirovinben, le 13/01/2011 à 07:43

Xave, c'est vrai, j'ai pensé à lui en écrivant mon commentaire précédent mais, à moins qu'il fasse du télé-travail, il doit quand même sortir plus souvent de chez lui que moi de chez moi. Certaines photos qu'ils a montrées le prouvent. Et quand je parle de "chez moi", j'englobe quand même mon jardin.

6. Par gilda, le 13/01/2011 à 09:47

Tous comptes faits, je crois que je passe davantage de week-ends à Bruxelles que toi.
;-)

7. Par xave, le 13/01/2011 à 10:00

L'Agronome> Oubéh oui, ça fait trop longtemps que j'ai pas vu Paris, mais j'ai des exams qui vont m'empêcher de venir pendant quelques semaines encore.

Mirovinben> Nan mais pour lui, c'est trop facile : il peut parcourir des dizaines de kilomètres sans voir la civilisation.

Gilda> Tu comprends pourquoi j'y suis rarement quand tu viens ?

8. Par raph, le 14/01/2011 à 09:03

Tu es peut-être un casanier contrarié ?

9. Par xave, le 14/01/2011 à 09:30

Il y a de l'idée. Mais je serais peut-être plus un non casanier contrarié, je crois. Parce que j'ai envie de, mais trouver le courage est épuisant (en même temps, je suis toujours épuisé.)

10. Par Titi, le 17/01/2011 à 09:47

Bonjour,
Pour être casanier ne faut-il pas avoir une maison dans laquelle on se sente chez soi ? Ou être casanier parce qu'on a pas trouvé "sa" maison et on s'accroche à ce qui y ressemble le plus... ? Est-on le même aventurier si on sait pouvoir, un jour, retrouver ses pénates ? On est peut-être aventurier parce qu'on est à la quête de ce foyer... ?

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