Métaphore

Il fait froid dehors

Un anniversaire, ça marche ! #3

Pour la bonne nuit, je déconne, bien sûr : il y avait tellement de vent autour, j'ai tellement craint que la tente ne soit emportée (oui, avec moi dedans. Il y avait beaucoup de vent, vous dis-je) que je me suis réveillé à peu près une fois par heure, en me répétant à chaque fois que pour une idée à la con, c'était une idée à la con ! À mon sixième réveil, j'ai décidé d'abandonner l'idée de me rendormir : je suis sorti, j'ai replié la tente comme je pouvais, et je me suis promené un peu dans le coin. Ma première idée, ça avait été de faire l'aller un jour, passer le lendemain sur place et rentrer le jour d'après, en tous cas si je m'en sentais capable. J'avais eu du mal à terminer, la veille, et j'avais déjà pensé à rentrer tout de suite, prétextant l'état de ma jambe. Au petit matin, après avoir passé une nuit à avoir honte d'utiliser ma jambe comme prétexte pour écourter le truc, j'ai fini par admettre que ça n'en était pas un : j'avais vraiment mal, j'avais déjà trop forcé et j'étais inquiet pour le retour.

Après avoir mangé un morceau, me voilà en train de découvrir que finalement descendre dans la boue, ce n'était pas si mal, parce que remonter n'est vraiment pas facile ; et sans sentier, je retrouve le problème de l'aller : des culs-de-sac qui obligent à repartir en arrière pour essayer de trouver un autre passage. Quand je suis finalement parvenu au somment, j'étais content, j'avais encore une fois l'impression d'avoir fait le plus dur, mais il me restait plusieurs heures de marche.

Et ça a été d'autant plus rigolo qu'en plein milieu, j'ai commencé à ressentir une vraie douleur à chaque pas, et que plus tard, alors que j'estimais n'avoir plus qu'une heure de marche devant moi, la douleur a été telle que j'ai été obligé de rentrer pratiquement à cloche-pied, en tous cas sans jamais plier la jambe et en essayant de ne pas trop m'appuyer dessus. Dans ces conditions, la dernière heure a duré deux heures et demie, et je suis arrivé à ma voiture dans un état déplorable.

Et vous savez jusqu'où va se loger le masochisme ? Ces deux jours-là, c'est un des meilleurs souvenirs de mon séjour.

Je vous ai gardé une photo pour la fin[1], une photo prise sur place, depuis un gros rocher plat qui semble là-bas une invitation à se reposer et qui a mon avis en a vu d'autres (des randonneurs et des photographes.) C'est totalement involontaire -pour tout dire, j'avais au départ écarté cette photo de ma sélection- mais regardez-là bien et comparez avec celle qui m'a donné envie de venir...

Stepping Stones

Pour mieux comparer, vous pouvez le regarder en grand et passer de l'une à l'autre en cliquant. Vous avez également ainsi l'opportunité de voir mon terrain de camping : c'était sur le petit promontoire, à droite, de ce côté-ci de l'embouchure.

Notes

[1] À propos de photos : en rentrant de là, d'un seul coup, j'ai eu envie de voir des gens, des villes, de la lumière et du bruit (oui, voir du bruit, oui. Si je veux d'abord !), ce que j'ai fait assez régulièrement jusqu'à la fin du séjour et qui m'a apporté beaucoup moins d'opportunités photographiques. Vous n'allez donc plus subir longtemps mes photos de vacances, c'est bientôt fini.

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Commentaires

1. Par Ophélie, le 07/11/2010 à 16:38

Tu écris sur ta douleur, sur les difficultés et la longueur du parcours.
J'ai envie de te demander comment tu te sentais, seul devant ces paysages.

2. Par Ophélie, le 08/11/2010 à 00:58

Je me rends bien compte comment cette question peut toucher à l'intime.
Alors je vais te dire pourquoi je la pose. Évidemment, tu en fais ce que tu veux.

Hier j'ai lu une chronique de Foglia (très connu ici) qui, face à la mort d'un de ses chats, disait ne pas se sentir triste mais « abattu de vivre si peu et si mal ». J'ai très, très souvent le même sentiment. Alors je me dis que pour aller seul dans des endroits comme ça, il faut avoir un petit refuge de sécurité à l'intérieur de soi.
Moi, la grande angoissée, tes photos me font rêver. Pas juste au paysage mais aussi à un petit lieu à l'intérieur de moi qui aurait confiance.

3. Par xave, le 08/11/2010 à 12:47

Ben ... le contraire. J'étais physiquement dans mes limites (qui sont basses, ces temps-ci, médicalement parlant) mais là-bas, je me sentais tout petit, et heureux de vivre autant.

Et puis le danger n'était pas énorme, c'est quand même un endroit où le passage est (relativement) fréquent, j'avais pris de quoi me signaler en cas de problème, et quelqu'un était prévenu qui devait donner l'alerte si je n'étais pas revenu au bout de trois jours.

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