Métaphore

Il fait froid dehors

MoMA, et la neige, enfin.

of Modern Art

Aujourd’hui, on prévoit de la neige. #doigtscroisés
Saturday, 19 December, 2009 08:10

Face à face

Depuis avant même mon arrivée, on prévoit de la neige pour après-demain, mais le lendemain, c’est toujours pour après demain. Je vérifie tous les jours parce que si je suis venu en sachant que j’allais affronter des températures polaires, c’est parce que je rêve de voir New York sous la neige. Je n’ai toujours rien vu, mais il y a du changement : si avant-hier on en prévoyait toujours après-demain, donc aujourd’hui, hier on en prévoyait pour demain, donc aujourd’hui toujours. Et aujourd’hui, on en prévoit toujours pour aujourd’hui, ça commence à devenir intéressant.

En attendant, en sortant ce matin, on continue à se les peler sévère. je commence à m’y habituer, cela-dit. C’est un peu comme mes pieds qui commencent à être un peu douloureux après plusieurs jours à dix heures de marche par jour ; au bout d’un moment, c’est juste un fait, on n’y prête plus attention.

Dans le métro, un jeune ténébreux improvise sur un accordéon, me confirmant une fois de plus que c’est un putain de bel instrument quand il sert à autre chose qu’à la valse musette. Ça me met de bonne humeur en partant pour ma première destination du jour : Le MoMA que je n’ai pas eu le temps de visiter hier.

House

Visiblement, il n’ont pas trop de problèmes de fréquentation, le hall est bourré à craquer, et le temps que j’achète mon billet et que j’aille déposer mes affaires au vestiaire (rien que ça a pris une demie-heure) ils passaient déjà des annonces pour prévenir que les expos temporaires étaient complètes pour la journée. Ah d’accord, je suis arrivé à temps.

Le MOMA le lendemain du MET, Ça fait un peu beaucoup à ingurgiter…
Saturday, 19 December, 2009 13:09

Web

Hier, j’étais au Metropolitan, qui a de quoi empêcher le Louvre et Orsay de frimer. Aujourd’hui, Orsay en prend encore plein la gueule et c’est le tour du Centre Pompidou de moins faire le malin : le MoMA, Museum of Modern Art, prend la moitié d’un bloc à lui tout seul, et les collections exposées s’étalent sur six niveaux. On trouve ici du Picasso, du Miro, du Giacommetti, du Wharol, des grands noms en quantités pharamineuses (leur assureur doit avoir de la plomberie en or massif dans les chiottes.) Et des milliers d’œuvres d’Art Moderne, de Pop-Art, de design, de photo, de vidéo et de toutes les branches de l’art contemporain. Attention, on n’est pas ici dans le domaine du ma petite nièce fait aussi bien, on est ici entouré d’œuvres qui interrogent, qui interpellent, qui questionnent sur la définition de l’art et le rapport à icelui. Au Metropolitan, l’expérience est la plupart du temps esthétique ou spirituelle. Ici, elle est la plupart du temps intellectuelle, on se retrouve en face de créations qui font réfléchir, qui interpellent.

If we are living in a time without a legend that can be called sublime, how can we be creating sublime art?

De fait, si hier je me suis souvent senti apaisé ou ému, aujourd’hui je me retrouve à réfléchir, à me questionner. Je me prends des baffes des deux côtés, mais elles ne sont pas du même genre. Finalement, le MoMA est intellectuellement plus fatiguant. N’allez pas croire que toute sensualité est absente ; se retrouver en face des Demoiselles d’Avignon est une claque magistrale tant au niveau esthétique qu’au niveau intellectuel, mais comme il est ici impossible de contempler les œuvres sans s’interroger sur la place qu’elles occupent, sur la recherche qu’elles représentent ou l’idée qu’elles veulent démontrer, on a très vite la tête qui bourdonne, et la fatigue qui s’ensuit est presque physique.

Noir

Et cette fatigue arrive d’autant plus facilement que la surface d’exposition est énorme, et le nombre d’œuvres en conséquence, forcément. Aussi parce que j’ai vu le MET hier et qu’enchaîner ces deux musées là sur deux jours est une erreur ; j’aurais dû laisser passer un jour ou deux pour digérer le premier avant de m’attaquer au second.

13h20, à NY, il neige ! \o/
Saturday, 19 December, 2009 13:24

Virtual Neighborhood

Il n’y a pas que la fatigue, d’ailleurs, qui me donne envie de sortir : à peine avais-je détaché mes yeux des Demoiselles dont je parlais plus haut que je m’aperçois, en jetant un œil par une fenêtre, qu’enfin il s’est mis à neiger ! Et pas moyen d’en profiter tout de suite : le jardin des sculptures est fermé, on ne peut pas aller prendre l’air (et c’est dommage, j’aurais volontiers regardé de près une bouche de métro Guimard à New York.) Bon, je vais patienter. Ce n’est pas comme si je n’avais rien à faire, il me reste encore une partie du musée à voir, et l’expo temporaire.

Il faut se battre pour cette expo : les places sont limitées et on n’a le droit d’entrer qu’à la plage horaire indiquée sur son ticket. Malgré ça, on s’y marche sur les pieds. Il faut dire que Severini ou Balthus dans les collections permanentes, ça a de la gueule, mais ça ne peut pas lutter en termes de succès populaire avec Tim Burton.

Le blanc Mall

Je ne vais pas bouder mon plaisir, j’aime plutôt pas mal Tim Burton (j’avais été frustré quand ma copine de l’époque n’avait pas voulu aller voir Corpse Bride parce que c’était trop sombre, rah ! Est-ce qu’on peut être plus loin du truc ? Peut-être que Nightmare before Christmas était un film d’horreur ?) C’est parfois un peu adolescent, mais j’ai su moi-même rester très jeune. C’est assez marrant de voir ici une bonne partie de ses travaux graphiques : dessins, collages, sculptures. C’est quelque-chose qui est latent dans ses films, mais on a un peu ici l’impression de remonter à la source, surtout évidemment quand on se retrouve face à ses œuvres de jeunesse.

Tunnel

Tout de même, j’ai de la chance : j’ai une taille qui me permet de dépasser un peu de la forêt de têtes, parce qu’on se marche vraiment sur les pieds. Malgré tout l’intérêt que peut avoir cette expo, et le nombre imposant de dessins, synopsis, décors, dioramas, costumes et accessoires de films qu’ils ont fait tenir sur une surface relativement limitée, et sans doute en grande partie à cause de cette limitation de l’espace, il y a vite de quoi devenir claustrophobe et je vais sortir au bout de quelques dizaines de minutes.

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Après avoir fait quelques emplettes (dans un sac très design, mais qui va bien me faire chier à prendre le vent une fois dehors) au MoMAStore, il est temps d’aller voir la neige. Oh, ce n’est pas encore vraiment le Noël blanc, mais Central Park (oui, j’y passe ma vie), quelques blocs au dessus, a commencé à prendre un aspect plus hivernal, un peu irréel dans la lumière rasante de la fin de l’après-midi. Les sons de la ville sont encore plus feutrés que d’habitude et on commence à avoir vraiment l’impression d’être dans un autre monde[1].

C’est assez marrant de regarder la neige tomber en fin de journée : les pelouses blanchissent alors que le ciel s’obscurcit. On essaie de faire une moyenne ?

ici, il y a des ipods partout. j’en ai même trouvé un sur le trottoir. Allez zou, direction Broadway !
Saturday, 19 December, 2009 18:46

Entre le noir et le blanc

Une fois la nuit vraiment tombée, je reviens vers Grand Army Plaza, jusqu’à -on ne change pas une équipe qui gagne- entrer au Apple Store[2]. Ah oui, l’engin que j’ai acheté hier me fait déjà des misères, on ne peut plus lancer aucun programme. Pas grave, qu’on m’y répond, il suffit de le réinitialiser. Ah oui mais du coup, je n’ai plus de musique pour l’instant, ah merde, c’est chiant.

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Bon ben c’est pas grave, allez, je ressors, je traverse la cinquième pour aller choper une station de métro, je me demande ce qu’est ce truc sur le trottoir. Ah ben tiens, c’est un iPod. À Paris, il y a des étrons sur les trottoirs, à New York, il y a des iPod. Je ne sais pas si ça porte bonheur, mais je préfère. La prochaine fois, s’il vous plaît, j’aimerais bien autre chose que Michael Bolton dans les iPods que je trouve, merci.

Trimballer un sac qui fait voile et me bat les jambes toutes la soirée, surtout en écoutant du Michael Bolton, ça va juste pas être possible. J’ai un truc prévu dans un peu plus d’une heure, ça m laisse juste le temps de repasser à l’auberge me refaire un paquetage plus conforme mon statut de randonneur urbain.

Lumières d'hiver

Note : ces photos sont disponibles en album (et sur Flickr.)

Notes

[1] Un autre monde où il se passe des choses bizarres : pourquoi est-ce qu’il y a un peu partout de bottes de paille qui traînent sur les pelouses ?

[2] Et là, le lecteur attentif a une impression de déjà-vu. C’est parce que j’avais casé ça dans mon compte-rendu de la veille, mais j’ai du le modifier quand, en relisant mes notes avec plus d’attention, je me suis aperçu que j’avais décalé cette histoire d’un jour.

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