Métaphore

Il fait froid dehors

Où en sommes-je ?

Bon, j'en suis où, moi ?

Six bons mois depuis la rupture, dont quatre depuis la cessation totale d'expériences communes. Est-ce que je suis toujours amoureux ? Oui. Est-ce que je vais mieux ? Oui.

Je le sentais venir il y a quelque temps et je commence vraiment à le ressentir : Cette histoire a été une chance, cette rupture est une chance.

Cette histoire a été une chance parce que j'ai passé six ans à avoir en face de moi quelqu'un qui me motivait, qui me titillait et qui me donnait envie d'aller plus loin. Quelqu'un qui partageait mon envie de donner du sens à la vie et de ne pas s'arrêter, quelqu'un qui avait besoin de mon côté passionné comme j'avais besoin de son côté réfléchi. Nous avons rempli d'expériences communes ces six années là, et - sans présumer de sa perception des choses - j'ai trouvé le bonheur que j'avais cherché pendant des années, dans toutes mes précédentes relations.

C'était bien. Mais bon, c'était. Que ce soit partir au bout d'un monde avec elle ou simplement embrasser la paume de sa main, c'était vraiment un bonheur sans bornes. Je suis juste en train de me dire que le bonheur au passé, ça ne sert à rien.

Cette rupture est une chance, comme l'a été l'agression à l'époque.

L'agression, je ne vais pas de nouveau refaire le film, rappelons seulement que j'ai vraiment l'impression de n'avoir pas été moi avant que ça m'arrive. J'avais déjà vécu pas mal de trucs sympas, mais je crois n'en avoir pas profité. C'est d'avoir dû chercher les ressources pour m'en remettre qui m'a permis de commencer à réfléchir dans ce qui me semble encore aujourd'hui comme être le bon sens. C'est le traumatisme de l'agression qui m'a permis de vouloir en sortir, vouloir aller mieux. Et le plus gros de ce que je suis aujourd'hui, je le dois à ce qui s'est passé cette nuit là et aux mois qui ont suivi. Le chemin qui est le mien aujourd'hui, c'est celui que j'ai emprunté pour essayer d'avaler ce traumatisme là.

La rupture n'est pas comparable à l'agression. Pas mieux ou pire, juste pas comparable : d'un côté, il ne s'agit que de mon bonheur alors qu'en face il s'agissait de ma vie, de l'autre ma vie, je l'ai toujours, alors que mon bonheur est bien parti aux fraises. Mais elles ont quand même un sacré point commun : la tempête dans ma tête qu'elles ont déclenchée. Et comme il y a des années, j'avais deux solutions possibles ; L'une était de me laisser aller en attendant que ça passe (ou que ça ne passe pas d'ailleurs) et voir combien de temps je pouvais tenir dans ces tourbillons là. L'autre était d'analyser ces tourbillons pour savoir quelle était la meilleure manière de naviguer en attendant que la mer se calme.

L'énorme avantage de la deuxième solution rejoint la parabole du don du poisson vs. l'apprentissage de la pêche : Les progrès en navigation que j'ai faits (que je fais) ne seront pas perdus, et à l'avenir je pourrais en faire usage. Ces derniers mois, j'ai fait un bond en avant dans la compréhension de ce que je suis et de la façon dont je fonctionne. Un bond tel que je n'en avais pas fait justement depuis l'agression. Plus, même, si ça se trouve, puisque j'ai l'impression d'avoir utilisé pour la première fois les outils que je m'étais forgés à l'époque.

Tout cela est bien sibyllin. Disons simplement que je vais mieux, bien mieux. J'ai relu récemment certains écrits d'il y a quelque mois et c'est indéniable. J'ai encore des périodes de passage à vide, de creux parfois très profond, mais dans l'ensemble, ça évolue bien. Je recommence à sourire en voyant des amoureux dans la rue, signe que je sens de nouveau que la joie, le bonheur et la passion sont là juste derrière. Sans elle, c'est dommage. Et j'ai encore du mal à dire que cette rupture était une bonne chose par tout ce qu'elle m'a amené alors que la rupture elle même m'est toujours coincée en travers de la gorge. J'ai toujours l'impression que ni elle ni moi ne retrouverons cette simple évidence d'être ensemble, mais tant pis : Moi, je saurai dénicher le petit bout de bonheur où qu'il se trouve, c'est dans ma nature.

Cette aventure a été une chance et a fabriqué pléthore de bons souvenirs. Mais une fois que la douleur aura disparu, ce ne sera que ça : des souvenirs. Alors que la connaissance de moi que m'a apporté la rupture m'accompagnera maintenant toute ma vie.

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Commentaires

1. Par samantdi, le 09/09/2008 à 22:01

C'est chouette de lire ce billet après en avoir lu d'autres où c'était duraille pour toi... Parfois on vit des trucs dégueulasses et on en tire quelque chose. Vaut-il mieux être peinard-e et culcul la riflette ou sexy et avoir traversé les champs de mine? Parfois, comme dans la chanson de Brel, "beau et con à la fois", ça donne envie, quand même, non ? (oui)

  • Toi qui aimes les phrases bien écrites, t'es servi avec ce commentaire tout mal écrit mais tant pis*

2. Par Mitternacht, le 10/09/2008 à 00:24

Tu fais vachement plaisir à lire. Vive la sérendipitipitidité.

3. Par Simon H., le 11/09/2008 à 02:07

...

Je suis impressionné par tant de sagesse ! J'aurais bien voulu en être capable il y a quelques années lors de ma rupture pas drôle... Quoique, comme tu le dis aussi, ça m'a apporté une connaissance d'un bout de moi que je ne soupçonnais pas.

4. Par Rémy, le 11/09/2008 à 12:03

Moi qui suis en train de vivre une grosse rupture (4ans partis en fumées) je ne peux que tu féliciter pour ta sagesse et ta manière de voir les choses.
Malheureusement je n'en suis pas à ce stade, mais ton post fait énormément plaisir à lire, lorsque l'on est au plus bas.
Donc, merci.

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