Je l'avais dit ici : J'avais envie de la voir parce que j'avais l'impression que nous étions en train de faire une connerie; Aujourd'hui, j'ai pris le volant, parcouru les trois cent cinquante kilomètres qui ont été notre garantie de non prise d'habitude pendant quatre ans et notre habitude les années suivantes et je l'ai appelée. J'ai entendu sa voix pour la première fois depuis deux mois et nous nous sommes vus pour la première fois depuis autant;

Nous sommes allés nous parler autour d'un verre, je lui ai dit énormément de ce que j'avais sur le cœur, de mes doutes, du bonheur dont nous avons montré que nous étions capables, des milles choses folles que je voulais encore faire avec elle.

Je lui ai dit qu'à Paris il pleuvait, que j'avais une voiture, et que la météo prévoyait un temps magnifique sur la Toscane tout le week-end. Je lui ai dit que si elle n'avait pas envie de rouler, j'avais mon passeport sur moi et nous pouvions prendre le premier avion pour le Vietnam. Je lui ai dit que ce bonheur dont nous sommes capables valait le coup d'essayer, même si ça n'était que pour un week-end, pour trois semaines ou pour six mois. Je lui ai dit que si elle avait le moindre doute, ça valait le coup de nous donner une chance, aussi faible soit elle.

Elle n'avait pas le moindre doute.

Alors j'ai écouté sa voix pour la dernière fois, je l'ai prise dans mes bras pour la dernière fois, j'ai hûmé l'odeur de sa peau pour la dernière fois, j'ai caressé sa joue pour la dernière fois, j'ai posé la main sur sa nuque pour la dernière fois. J'ai même posé mes lèvres sur les siennes pour la dernière fois.

Et tandis qu'elle s'éloignait derrière la grille du métro, je l'ai regardée pour la dernière fois.

Elle était belle.

Adieu Julie. Je t'aime.