Métaphore

Il fait froid dehors

Motto #3 : Il est inutile de s'énerver

Il y a dix ans, lors d'une démarche administrative, j'avais vu scotchée sur un comptoir, attribuée au Dalaï Lama, la citation suivante :

Si vous êtes confronté à un problème grave, réfléchissez-y sérieusement. S'il y a une solution, il est inutile de s'énerver. S'il n'y en a pas, c'est d'ailleurs tout aussi inutile.

J'ai cherché à la retrouver, sans y parvenir pendant longtemps, au point que j'ai fini par penser qu'elle était apocryphe. C'est égal, l'idée est belle et tout à fait en accord avec le trop peu qu'il m'est familier de la philosophie bouddhiste. Je répète depuis longtemps que je suis complètement mécréant, mais si je devais être attiré par une spiritualité, ça serait celle là, pour la sagesse qu'elle dégage.

En l'occurrence, la petite phrase peut-être même pas du Dalaï Lama d'au dessus, elle m'a accompagnée depuis la première fois que je l'ai lue. Je n'ai pas su tout de suite quoi en faire, mais j'ai été immédiatement frappé par sa justesse. Disons que j'avais une nature un peu sanguine assez peu en phase avec de genre de fonctionnement. Il n'empêche.

Au court des années, la phrase a fait son chemin. Quand j'ai rencontré Julie, c'était encore une idée abstraite, mais ma relation avec Julie m'a donné l'assise nécessaire pour que je puisse regarder le monde un peu plus calmement, et un jour, j'ai fini par me rendre compte que je commençais à intégrer le concept. Il me semble que la première fois que ça m'a frappé, c'était en avion : lors de notre premier voyage ensemble, j'étais crispé sur les accoudoirs au décollage, à l'atterrissage, ainsi qu'au moindre signe de turbulences, bref : j'avais peur.

Un an plus tard, nous sommes repartis, et je ne ressentais plus cette peur que de loin : J'imaginais toujours l'avion en train de s'écraser, mais j'étais avec Elle, il pouvait m'arriver n'importe quoi : à côté d'elle, c'était l'endroit où je devais être. Du coup, au lieu de me convaincre que l'avion était un moyen de transport très sûr, j'avais toujours bien présente à l'idée la possibilité d'une catastrophe aérienne, mais je suis resté zen, puisqu'après tout, si ça arrivait, qu'y pouvais-je faire ?

D'avoir ressenti ça une fois m'a permis de me familiariser avec le concept, et les années suivantes m'ont vu l'intégrer de mieux en mieux, même si les évènements récents m'ont montré que j'avais encore du travail. Parfois, c'est quand même un peu trop.

Quand j'ai fini par trouver la vraie citation, elle ne parlait pas de s'énerver, mais de s'inquiéter :

If a problem is fixable, if a situation is such that you can do something about it, then there is no need to worry. If it's not fixable, then there is no help in worrying. There is no benefit in worrying whatsoever.

Je trouve ça encore plus parlant.

Dans la vie de tous les jours, j'ai souffert très longtemps d'une paranoïa fatiguante : Si je garais ma voiture, on allait me voler ce que j'y laissais. Si je prenais le train, il allait dérailler. Si Je quittais mon appartement quelques jours, il allait brûler. Bref, le pire allait toujours arriver. J'ai tenté pendant des année de me persuader à coup de statistiques que tout ça, c'était des conneries, mais je n'y suis jamais parvenu.

Ce dernières années, ça va beaucoup mieux : Si je quitte mon appartement quelques jours, il va toujours brûler, ça n'a pas changé. Mais soit. Et alors ? Ça va aider, que je me ronge les ongles en l'imaginant ? Alors je m'en fous. Le plus possible en tous cas, parce que je n'ai pas fini d'intégrer le concept.

Je ne l'aurai d'ailleurs jamais fini, mais ce n'est pas grave : le tout, c'est d'aller dans la bonne direction : le chemin est plus important que la destination.

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Commentaires

1. Par Franck, le 10/06/2008 à 18:12

J'ai en mémoire une autre maxime dont j'ignore l'origine qui dit ceci : Il n'y a de problème, qui une fois passé quinze jours, ne soit à moitié résolu. . Tout ça va dans la même direction il me semble ;-)

PS : Un petit soucis avec les quotes de citation j'ai l'impression.

2. Par Amazone, le 10/06/2008 à 18:42

Ou bien "La peur n'évite pas le danger"...

3. Par gilda, le 11/06/2008 à 02:19

J'ai cette chance d'être assez "zen", soit de naissance soit à force d'avoir eu très tôt des parents pénibles à supporter avec leur mésentente et un père dictatorial.
Et je n'avais pas de paranoïa particulière sauf qu'à force (on s'est déjà fait voler une voiture, mon bureau a brûlé etc.) je commence très sérieusement à ne plus pouvoir ne pas croire au concept de poisse. Je suppose d'ailleurs que je suis le genre de personne qui deviendra libraire de quartier 15 jours avant la fin du prix unique du livre.

Il y a cette question de la peur qui part dés lors qu'on se sent à sa bonne place au monde. J'ai connu ça, même si j'avais peu peur, et de pas grand chose, mais j'étais si certaine d'être là où il fallait que ce qui devait advenir serait forcément ce qui devait. A présent j'ai cette peur de mourir ou bien que meure qui a disparu avant que ne soit dénoué ce qui nous éloigne ou au moins ce mystère lui-même.

4. Par Zoe, le 11/06/2008 à 09:21

Il y a des phrases comme ça qui perdurent au fil des années...
Pour moi c'est celle d'une amie bouddhiste :
Si tu n'as pas de réponse à tes questions, c'est que tu te poses les mauvaises questions

5. Par Titi, le 11/06/2008 à 13:32

Ça me fait penser à une chanson des Ongles Noirs Pourquoi tu perds ton calme dont le héros se voit dépouillé tour à tour de son chien, de ses copains et de sa femme pour finalement mourir. La chanson se conclue ainsi :

Pourquoi tu perds ton calme ?
La vie ça ne vaux rien de bon
Maintenant fini le vacarme, fini l'agitation
Pourquoi tu perds ton calme ?
Allonge-toi non de non !
La mort c'est pas un drame
Y'a qu'à compter les moutons

Mais il faut l'entendre en entier...

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