De la difficulté d'écrire
Je me retrouve une fois de plus à essayer de rattraper mon retard dans pas mal de domaines : des tas de trucs au boulot, des factures, des papiers, des révisions, du classement, du rangement, et toute cette sorte de choses. Et une fois de plus, il y a certaines choses qui passent en bas de la liste, qui toutes concernent l'écriture. D'abord il y a ces mails qui traînent au fond de la boite, et qui sont tous d'une certaine importance, à défaut d'être urgents : leur point commun est d'attendre une réponse qui tient sur plus de quelques lignes, et donc il faut que je prenne le temps de m'asseoir, de ne rien faire d'autre, et de rédiger. Du coup hop, les voilas qui prennent la poussière (les destinataires en attente se reconnaîtront facilement, hein Amélie ?)
Ensuite, évidemment, il y a ce site, que vous tous, mes plus grand fans (oui, tous les trois) scrutez avec impatience en attendant que je veuille bien y balancer quelque mots. Vous croyez que c'est facile ?
J'aime bien les mots - Ma bibliothèque est remplie de dictionnaires divers et variés, voire de traités de grammaire ou de conjugaison (même si je sais que je ne suis pas irréprochable au niveau de l'orthographe ou autres joyeusetés du même acabit.) - mais ces sagouins là me le rendent mal. Je regarde en bavant d'envie l'un ou l'autre de mes connaissances, voire de mes copains, voire de mes amis, qui éternuent au petit déjeuner des textes qui me font me pâmer de plaisir, comme ça, sans en avoir l'air. Des gens qui n'ont qu'à poser les mains sur le clavier avec une vague idée pour sortir un texte construit, bien écrit, développé, même quelquefois drôle.
Moi, pendant ce temps là, que dalle. J'ai des choses dans la tête qui ne veulent pas sortir. Je les tourne et les retourne sans cesse, je dégage un plan, un contenu, une conclusion, quelques saillies propres à faire s'esbaudir les foules, alors je m'assoie, et rien ne sort. Je m'aperçois que toutes ces différentes parties, ces différentes idées, j'ai un mal fou à les exprimer en mots et à les rattacher les unes aux autres, il me faut des heures pour choisir mes conjonctions, il me faut des efforts surhumains pour ne pas répéter la même formule trois paragraphes de suite, je réécris chaque phrase vingt-sept fois, je déplace sans fin des paragraphes et des idées pour trouver l'enchaînement qui sera le plus logique[1], je sue en tirant la langue en essayant désespérément de pondre un texte dont je pourrais être fier à la relecture.
À la place de ça, chaque relecture repousse un peu le mépris que j'ai pour ma propre cervelle incapable d'exprimer correctement ce que je voudrais qu'elle dise. Chacun de mes textes me semble horriblement laborieux. Ça pourrait être pire, me direz vous, parce que je sais pour en avoir parlé avec l'un ou l'autre que cette impression de travail laborieux n'est pas ce qui ressort le plus pour l'éventuel lecteur, c'est heureux. Je ne peux cependant me défaire de l'idée que quand même, ça se voit.
Pour moi en tous cas, après avoir souffert pendant l'écriture, je retrouve à la lecture tout le travail que j'ai mis dans le texte, et que ça m'empêche définitivement de l'apprécier. Oh, je sais bien qu'il n'est pas non plus bon d'être trop fier de ses œuvres, mais j'aimerais bien quand même que ça m'arrive une fois de temps en temps ; Pouvoir me dire Hé, celui-là il est pas mal !
Rien qu'une fois sur un texte en prose[2], ça serait sympa.
Évidemment, histoire de me contredire, je viens de balancer ces quelques paragraphes sans les avoir préparés (même si je mûrissais l'idée depuis belle lurette) et sans presque le remanier en cours d'écriture. Mais du coup, au lieu de le regarder de haut parce qu'il est laborieux, je vais le trouver insuffisamment construit et cohérent.
Je ne suis jamais content, hein ?
Notes
[1] J'ai besoin du clavier pour écrire, et du copier-coller. Sur le papier, je serais obligé de réécrire l'intégralité d'un texte toutes les vingts secondes.
[2] Ça m'est déjà arrivé sur certaines des chansons idiotes que j'écrivais à une certaine époque, ou quelques fois en écoutant mon jeu à la basse, donc ça doit être possible.
Publié le 16/03/07, dans la rubrique pensées irréfléchies.
(lire d'autres billets sur : ligne de vie écrire )
Commentaires
1. Par Otir, le 16/03/2007 à 16:09
2. Par LeChieur, le 16/03/2007 à 17:42
3. Par LeChieur, le 16/03/2007 à 17:45
4. Par LeChieur, le 16/03/2007 à 17:46
5. Par Pep, le 16/03/2007 à 18:23
6. Par LeChieur, le 16/03/2007 à 21:10
7. Par Pep, le 17/03/2007 à 00:37
8. Par feedautomne, le 20/03/2007 à 07:21
9. Par Corisande, le 26/04/2007 à 20:29
10. Par Mireille, le 24/01/2008 à 18:15
11. Par PT, le 04/10/2008 à 22:23
12. Par Tatum, le 02/01/2009 à 15:04
13. Par Emma, le 30/09/2009 à 16:26