Métaphore

Il fait froid dehors

Sysadmin, c'est une drogue (#2)

Or ça donc, je vous contais hier ce qu'est mon boulot, et vous promettais des détails. Voici ces détails, mais ils ne sont pas glorieux. Essayez de ne pas m'en vouloir, je vais me décharger sur vous d'un lourd secret :

Je suis un drogué.

Attendez, je vous explique : Comme nous sommes en ce moment en train de mettre à jour tout le parc de serveurs, il fallait également faire les miens. J'en ai profité pour faire le ménage en grand et essayer de tout réinstaller sans reproduire le bordel dont j'ai hérité... Ça veut dire aussi qu'au lieu de tout copier tel quel, j'ai modifié toute la config... Et ça, ça a fait peur.

J'ai rarement vu mon chef aussi inquiet. Je crois qu'il garde de l'époque où je changeais les toners l'idée que je ne suis bon qu'à ça, et s'il m'a mis ce job entre les pattes, c'est juste parce que c'est le seul moyen qu'il a trouvé pour ne pas en hériter lui même. Maintenant, il comprend encore suffisamment le système pour se rendre compte que j'ai tout modifié, mais plus assez pour reprendre le truc à ma place, il est donc obligé de me faire confiance. Et ben c'est dur ! Il a passé des jours à éplucher des fichiers de config, à vérifier des droits ou à s'assurer que tel répertoire était bien accessible, et surtout à me demander toutes les cinq minutes si j'avais bien pensé à ci ou ça... C'est pas que ça me stresse, mais ça met une pression supplémentaire dans une situation ou vraiment, ce n'est pas nécessaire.

Je vous épargne les détails, une fois lancée, la migration en question s'est étalée sur une dizaine de jours, et presque sans problème. Presque seulement parce que j'ai fait une erreur dans une ligne de commande et que quelque dizaines de documents récents ont été inaccessibles pendant deux heures. Je le savais bien, qu'il me fallait rester zen !

Et il y a eu un autre problème.

Bon, c'est un truc à la con : le programme qui permet de rechercher et consulter les documents renvoyait un formatage incorrect, ça génait les gens, tous les gens. Ce n'était pas très grave, mais pas très grave fois des dizaines de personnes, forcément, ça monte assez vite dans ces cas là. Manque de bol, ça a été découvert mercredi soir, en sachant que j'étais absent le jeudi et que je ne rentrais que le vendredi.

Le mercredi soir, quand c'est remonté jusqu'à moi, j'ai eu des sueurs froides : tout ce système est un très gros machin sur lequel je n'ai pas eu la moindre formation. J'ai réussi à comprendre à peu prèt comment ça fonctionne, mais je me suis retrouvé complètement désemparé devant un problème que je ne savais absolument pas par quel bout attraper. Je suis plutôt sujet aux bouffées de stress et c'est typiquement le genre de cas où j'attrape les mains moites et les yeux flous : quand je me retrouve en face d'une situation sur laquelle je n'ai aucun contrôle. S'il y a des enjeux, bien entendu, c'est pire...

Et sur ce coup là, aucun contrôle : j'avais un comportement étrange du système, pour tout indice un message d'erreur complètement abscons que je pouvais mettre des heures à retrouver dans l'énorme documentation papier (Personne ne se sert de ce système, même Google ne peut rien pour moi dans ces cas là) et la certitude que j'allais bientôt me retrouver avec des chefs sur le dos...

Après une grosse demie-heure passée à paniquer, j'ai fini par retrouver mon message d'erreur dans la doc, qui m'indiquait dans quelle direction chercher, avec encore un énorme flou, ce truc me donnait tout sauf une solution, mais en tous cas, c'était une piste... Suffisante pour que j'arrête de suer et que je m'en aille le cœur presque léger pour enregistrer la maquette d'Alwijn ...

Le surlendemain, après avoir passé la journée à essayer de ne pas faire de fausse note malgré mon esprit ailleurs, me voilà de retour en sachant que j'allais être très attendu, ce qu'effectivement je suis. Je reprends mes recherches avec quand mêmes les mains un peu moites, mais j'explore plusieurs voies en même temps, j'avance, je trouve des indices, je piste les accès réseau, fichiers et registre de mes serveurs ...

... Et je finis par trouver la modif à faire dans une base de registre pour que tout se remette à fonctionner correctement. Victoire !

Et constatation : je suis un drogué. Je suis absolument accro à cette sensation qui me prend quand j'arrive à la solution d'un problème qui a commencé par une crise de stress. Cette façon qu'a l'adrénaline de monter quand partant d'une situation où on n'a pas le moindre contrôle, on pose un par un les pitons qui vont permettre de regagner un contrôle total... C'est exactement le même plaisir que quand on a résolu une équation particulièrement compliquée, sauf que la pression de centaines d'utilisateurs décuple le plaisir.

Oh, bien sûr, au tout début du processus, je donnerais cher pour ne pas être à ma place. En règle générale, je suis toujours persuadé dans ces cas là que cette fois, ça y est, c'est le problème que je ne vais pas savoir surmonter, et puis non, jusqu'ici, ça va...

Je crois que je vais me reprendre encore un fix.

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Commentaires

1. Par xave, le 03/06/2005 à 11:56

Le chiffre qui ne sert à rien du jour : je viens de jeter un coup d'œil sur la base que je gère, elle contient très précisément 379 080 documents. Je ne vais pas tout lire.

2. Par Pep, le 03/06/2005 à 18:52

J'ai toujours dit que tu devais avoir des moeurs bizarres...

Psychopathe !

3. Par Kozlika, le 03/06/2005 à 19:42

Chouette ! Un signe annonciateur du retour des Muppets ?

4. Par RoK, le 23/06/2005 à 23:39

Ton billet m'a bien faire rire... Parce que j'ai travaillé à la DG-RTD comme assistant-coordinateur informatique. Oulalah... M'enfin, toi t'as l'air de bien t'amuser là-bas. Moi, c'était pas le cas. ;) A+

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